Les prétendants au poste de premier ministre auront tout le temps de faire valoir leurs arguments aux électeurs: le gouvernement Harper déclencherait des élections générales dimanche ou lundi prochains, inaugurant du même coup une longue campagne de presque 80 jours.

Stephen Harper a répondu hier aux rumeurs en lançant, en boutade, qu'il ne «suppute pas sur [ses] propres actions».

Selon Radio-Canada, le premier ministre se rendra chez le gouverneur général dans quatre ou cinq jours afin de demander la dissolution du Parlement, après un peu plus de quatre ans à la tête du gouvernement.

En vertu de la Loi sur les élections à date fixe, le scrutin doit avoir lieu le 19 octobre prochain. Une campagne de 11 semaines précéderait donc le jour J, l'une des plus longues de l'histoire du Canada.

Les derniers sondages donnent le Nouveau Parti démocratique et le Parti conservateur du Canada à quasi-égalité en tête, suivis d'assez loin par le Parti libéral du Canada. Le Bloc québécois, nouvellement mené par Gilles Duceppe, recueille 19% d'appuis au Québec, selon le dernier sondage Léger.

Hier, personne au gouvernement ou au Parti conservateur du Canada n'a voulu confirmer les informations de Radio-Canada.

Il a toutefois été possible de confirmer que Catherine Loubier - porte-parole francophone de Stephen Harper - et Rob Nicol - son directeur des communications - ne travaillent plus au sein du Bureau du premier ministre de façon temporaire. Mme Loubier a confirmé à La Presse qu'elle travaillait maintenant pour le Parti conservateur du Canada. «Je n'ai pas de commentaire à ce point-ci, s'est-elle bornée à dire. Restez à l'affût!»

Quant à M. Nicol, il affirme être en «absence prolongée» jusqu'au 20 octobre, soit le lendemain de la date prévue pour le scrutin.

Il a aussi été possible de confirmer qu'un grand rassemblement conservateur aura lieu dimanche dans la circonscription montréalaise de Mont-Royal, un siège représentant une forte proportion d'électeurs de confession juive, que les conservateurs ont dans leur ligne de mire depuis longtemps.

En entrevue avec la chaîne économique Bloomberg TV hier, M. Harper a refusé de commenter la possibilité que des élections soient déclenchées de façon imminente.

«Il y a une décision importante que les Canadiens devront prendre le 19 octobre. On a dit il y a quelques années que ce serait la date des élections. Ce sera la date des élections.»

L'opposition se dit prête 

Du côté des partis fédéraux de l'opposition, on s'est dits prêts à se lancer en campagne électorale dès que le premier ministre rendrait visite au gouverneur général.

«On a voyagé beaucoup à travers le pays dernièrement, a expliqué Thomas Mulcair à Radio-Canada. Les gens veulent du changement à Ottawa et le NPD est capable de remplacer la politique de peur et de confrontation de Stephen Harper.»

Le même média a relayé les propos du député libéral Marc Garneau, qui réagissait au nom de son parti. «On est tous en campagne en ce moment. La différence, c'est que ça va coûter plus cher aux contribuables», a dénoncé celui-ci.

Gilles Duceppe, en tournée cycliste avec le chef péquiste Pierre Karl Péladeau, a dit vouloir continuer ses visites un peu partout au Québec. «Une campagne électorale, c'est être en tournée, rencontrer les citoyens, entendre leurs préoccupations et apporter nos propositions. Donc, on va continuer à faire ça», a-t-il exposé.