Flora MacDonald, une ancienne ministre conservatrice et aspirante à la direction du Parti progressiste-conservateur en 1976, est décédée à l'âge de 89 ans.

Mme MacDonald est morte dimanche matin à Ottawa, a confirmé son adjointe de longue date, Margit Herrman. La cause de son décès n'a pas été révélée.

Joint par La Presse Canadienne, l'ancien premier ministre Brian Mulroney a souligné combien cette collègue avait été «une pionnière dans la politique de plusieurs façons».

De 1979 à 1980, Flora MacDonald fut la première femme à être ministre des Affaires étrangères au Canada, dans le gouvernement de Joe Clark.

Elle a également occupé les postes de ministre de l'Emploi et de l'Immigration, et de ministre des Communications un peu plus tard, sous Brian Mulroney.

En 1976, elle a tenté sa chance dans la course à la direction du Parti progressiste-conservateur. Elle a toutefois mordu la poussière, contre M. Clark.

«C'était très difficile pour les femmes à cette époque. Et pour Flora en particulier. Elle était la première femme dans l'histoire du parti à se présenter à la chefferie, où elle a fait belle figure. Elle est arrivée, au premier tour, quatrième sur 10 ou 12. C'est même très bien», s'est rappelé M. Mulroney, ajoutant qu'elle avait toujours fait la promotion de la présence des femmes en politique.

«J'ai dit un jour à la Chambre des communes que dans la politique canadienne, à ce moment-là: «a woman has to be twice as good as a man to get one-tenth of a credit.» ( Une femme doit être deux fois meilleure qu'un homme pour obtenir le dixième du crédit). Le défi était très considérable pour les femmes à ce moment-là, (à cause de) nos valeurs, nos traditions, l'absence de libération féminine. On avait des politiciens masculins qui étaient un peu bornés, des fois.»

Mme MacDonald est née en 1926, au Cap-Breton en Nouvelle-Écosse. Elle a été élue pour la première fois à la Chambre des communes en 1972, remportant une élection dans la circonscription ontarienne de Kingston et les Îles, qu'elle a d'ailleurs gardée sans interruption jusqu'à 1988.

Elle dirigeait le ministère des Affaires étrangères durant la crise des otages en Iran, alors que les diplomates canadiens ont hébergé six Américains qui avaient réussi à fuir lorsque leur ambassade a été assiégée et occupée par des soi-disant étudiants. Elle a été parmi les premières à apprendre que l'ambassadeur du Canada en Iran, Ken Taylor, cachait les diplomates américains. Elle avait alors fait sortir le premier ministre Clark de la Chambre des communes pour l'en informer.

Au cours semaines qui ont suivi, M. Clark et elle se sont appliqués à garder ce secret d'État tout en organisant une sortie d'Iran pour les diplomates, ce qui fut réussi 79 jours plus tard.

Elle a pris sa retraite de la politique après sa défaite de 1988 et s'est consacrée à des oeuvres humanitaires, notamment comme observatrice des droits humains dans des pays en voie de développement. Elle a reçu l'Ordre du Canada en 1992.

En entrevue dimanche, M. Mulroney l'a décrite comme une ministre «d'une rigueur intellectuelle imposante. C'était une femme exigeante, pour elle comme pour ses collaborateurs, mais d'une façon très constructive.»

Quelques politiciens, dont Joe Clark, ont exprimé leurs condoléances sur Twitter.

«Je regrette le décès de Flora MacDonald, dont la compassion, le leadership et l'exemple ont changé des vies à travers le pays et autour du monde», a-t-il écrit.

Les chefs des quatre principaux partis fédéraux nationaux - Stephen Harper, Thomas Mulcair, Justin Trudeau et Elizabeth May - ont aussi exprimé leurs condoléances sur leur compte Twitter.

La ministre des Transports, Lisa Raitt, également de la Nouvelle-Écosse, a souligné le travail qu'elle a fait pour les politiciennes. «La ministre MacDonald a démontré que toute carrière était possible - même pour une fille de Whitney Pier. Elle a ouvert la voie, et je suis reconnaissante.»