Les milliards de dollars dédiés au fonds d'infrastructure à Ottawa semblent distribués très lentement. Selon des données déposées au Parlement le mois dernier, environ 92% de l'enveloppe provinciale et territoriale du Nouveau Fonds Chantiers Canada dort dans les coffres du gouvernement fédéral.

Depuis le début de l'année fiscale actuelle, quelque 782 millions de dollars des 10 milliards ont été alloués à des projets. L'argent devrait continuer à être distribué à un rythme semblable, puisque le plan est projeté sur dix ans, indique-t-on à Infrastructure Canada, le ministère qui supervise les opérations du fonds.

La porte-parole du ministère Fatima Baalbaki a affirmé que les employés étudiaient actuellement «plusieurs demandes» et que d'autres requêtes devraient arriver prochainement. Les soumissionnaires présentent leurs projets, dont plusieurs prendront plusieurs années à réaliser, a-t-elle expliqué. Le gouvernement ne verse l'argent que lorsque le contracteur commence les travaux et que les coûts ont été évalués, a ajouté Mme Baalbaki.

Les chiffres, qui ont été rendus publics en réponse à une question écrite du député libéral Ralph Goodale, démontrent que 52 projets avaient reçu leur versement lors de l'année fiscale 2014-2015 jusqu'au mois d'avril de cette année - soit le premier mois de l'année fiscale 2015-2016. Les travaux pour six de ces contrats ont été mis en branle dans quatre provinces, dont deux à l'Île-du-Prince-Édouard.

Le volet Infrastructures provinciales et territoriales reçoit des demandes depuis un peu plus d'un an. Avec le volet national, le fonds a une valeur totale de 14 milliards qui seront investis dans les municipalités pour les dix prochaines années.

Le volet national, qui comprend les projets qui bénéficient à tout le pays, a quant à lui approuvé deux soumissions. Ainsi, 25 millions ont été octroyés pour agrandir l'aéroport de Fort McMurray en Alberta et environ 43 millions ont été annoncés pour le port de Montréal. Cela laisse 98 pour cent du total de 4 milliards qui n'est pas encore dépensé.

En combinant les deux volets, c'est 94% du total qui restent dans les coffres alors que le programme entame sa deuxième année, ce qui laisse beaucoup de marge de manoeuvre aux conservateurs qui voudraient faire des promesses intéressantes dans des circonscriptions où ils espèrent faire une percée.

«Même si on est à la deuxième année, le fait que 94% (des fonds) n'ont pas été touchés est un choix délibéré du gouvernement pour que (les conservateurs) aient de quoi à dire en terme d'infrastructure», a déploré Ralph Goodale.

Dans les dernières semaines, les députés conservateurs ont parcouru le pays pour promettre des investissements importants, mais principalement dans les circonscriptions conservatrices. Depuis le début de l'année fiscale, 144,3 millions des 283,3 millions promis ont été alloués dans des circonscriptions conservatrices, soit 49 projets sur 58, selon une analyse de La Presse Canadienne des annonces d'investissements par le gouvernement.

Cette semaine seulement, 16 projets d'infrastructure d'une valeur de 57,6 millions ont été annoncés dont la plupart proviennent du 1 milliard en fonds des petites collectivités, qui fait partie du volet provincial et territorial.

La porte-parole du ministre des Infrastructures Denis Lebel a rappelé que c'était aux provinces de décider les projets qui recevront les fonds du gouvernement fédéral.

Dans un courriel, Michele-Jamali Paquette a indiqué que les conservateurs «n'avaient pas de leçon à recevoir» des libéraux, qui auraient moins investi, en moyenne, annuellement, que le gouvernement actuel en matière d'infrastructure.