Le Parti libéral du Canada travaillerait avec les provinces pour élaborer une cible nationale de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a annoncé Justin Trudeau lundi.

M. Trudeau s'est gardé d'établir immédiatement une cible de réduction des GES, en annonçant ses engagements électoraux en matière environnementale à Vancouver. Il a précisé qu'il laisserait plutôt aux provinces et territoires la liberté de choisir une approche qui convient à leur propre réalité.  

«Il n'y a pas de solution universelle», peut-on lire dans le document intitulé Du vrai changement : Un nouveau plan pour l'environnement et l'économie au Canada.

«Le gouvernement fédéral a la responsabilité morale de faire preuve de leadership, de créer les conditions propices et de fournir le soutien requis pour que le Canada atteigne ses objectifs. »

En matière de changements climatiques, un gouvernement libéral convoquerait une réunion des premiers ministres pour établir un cadre d'action canadien vers le début de l'année 2016; il débloquerait des fonds pour aider les provinces à atteindre leurs objectifs; et il tenterait de conclure un accord environnemental avec les États-Unis et le Mexique.

Les autres promesses libérales incluent une enveloppe annuelle de 200 millions de dollars pour contribuer au développement de technologies vertes; d'instaurer un nouveau processus d'évaluations environnementales; de faire passer les zones marines et côtières protégées de 1,3 à 10% d'ici 2020; et de permettre un accès gratuit à tous les parcs nationaux en 2017 à l'occasion du 150e anniversaire de la Confédération.

En baisse dans les sondages, le chef libéral multiplie les annonces préélectorales depuis un mois. Il a déjà promis une baisse d'impôts pour les familles de la classe moyenne, financée par une hausse des contributions des ménages les plus nantis. Il s'est aussi engagé à revoir le mode de scrutin actuel pour le remplacer possiblement par un scrutin proportionnel.

En laissant aux provinces le soin d'ainsi choisir leur propre approche en matière de lutte aux GES, les libéraux fédéraux tentent d'esquiver les attaques des conservateurs, qui accusent systématiquement leurs adversaires de vouloir imposer davantage les contribuables par des mécanismes comme des taxes sur le carbone ou des bourses du carbone.

Cette précaution n'a pas empêché le gouvernement Harper de porter ces mêmes accusations: «Justin Trudeau propose un système de tarification du carbone qui fera augmenter tous les prix, notamment le prix de l'essence, du panier d'alimentation, de l'électricité. Justin Trudeau ne comprend pas l'impact qu'aura son système de tarification du carbone sur le budget des familles canadiennes», a déclaré le ministre des Ressources naturelles, Greg Rickford, par l'entremise d'un porte-parole.

Le NPD a qualifié l'annonce de «mascarade écologique». Le parti accuse le chef du PLC de faire de vagues promesses sans établir d'objectif précis de réduction des émissions de GES, et d'ainsi tenter de faire oublier le piètre bilan des gouvernements libéraux précédents dans le domaine de l'environnement.

«La vérité, c'est qu'il faut réparer les dommages causés par les conservateurs de Stephen Harper et commencer à prendre au sérieux les défis environnementaux. Les Canadiens ne peuvent pas se permettre d'attendre que Justin Trudeau finisse par peut-être, un jour, être prêt à faire le travail», ont déclaré les néodémocrates par voie de communiqué.

Le NPD n'a pas encore présenté ses propres engagements en matière environnementale.

L'organisme Pembina a applaudi certaines des mesures présentées, dont la promesse d'inviter les premiers ministres des provinces à la Conférence de Paris en décembre pour convenir de cibles de réduction des émissions après 2020.

Mais Greenpeace s'est dit déçu par l'absence de mesures plus concrètes. «De manière générale, l'annonce faite aujourd'hui est décevante car elle ne propose pas les mesures nécessaires pour que le Canada fasse sa juste part face à la crise climatique. La protection du climat nécessite des actions concrètes, des objectifs et des politiques clairs et non pas des déclarations vagues et floues», a réagi Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace.