Bono a entendu lundi l'opposition critiquer le premier ministre Stephen Harper sur la question du rôle que joue le Canada en matière de développement international.

Le chanteur et philanthrope ne semblait cependant pas sur la même longueur d'onde que les députés de l'opposition avant de les voir à l'oeuvre à la période des questions aux Communes.

Alors qu'il montait les marches situées sous la Tour de la paix du parlement, il a en effet eu de bons mots sur l'action du Canada à l'international.

«Le monde doit voir ce que vous faites et vous comprendre davantage, et je pense que l'aide au développement, ou l'aide étrangère comme vous l'appelez ici, est une très bonne façon de montrer qui vous êtes au reste du monde», a plaidé Bono.

«Je pense que vous êtes trop modestes», a-t-il poursuivi lors de cette mêlée de presse - et de badauds - impromptue devant l'édifice du Centre.

Le chanteur du groupe rock U2 a finalement fait son entrée dans la Chambre des communes une dizaine de minutes après le début de la séance, à laquelle ne prenait pas part le premier ministre Stephen Harper.

Il est arrivé à temps pour entendre l'opposition fustiger le bilan du gouvernement conservateur en matière de développement international et de lutte à la pauvreté.

Les députés sont revenus sur le contenu d'une note de breffage ministérielle dans laquelle le gouvernement reconnaît que l'aide financière du Canada au développement international, déjà «relativement faible», est «en déclin».

Le ministre fédéral du Développement international, Christian Paradis, a défendu le bilan du gouvernement Harper sous le regard de Bono, qui venait de s'installer dans les tribunes de la Chambre des communes.

Il a affirmé que «le premier ministre (Harper) a pris le leadership sur le plan mondial justement en vue de réduire les écarts considérant les objectifs du millénaire pour le développement, soit les buts numéros quatre et cinq pour sauver les femmes et les enfants».

La question du développement international était le prétexte de la visite de Bono dans la capitale nationale.

Il a rencontré les trois principaux chefs fédéraux pour discuter de cet enjeu à l'aube de la 3e Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra en juillet à Addis Abeba, en Éthiopie.

«Le premier ministre et Bono ont discuté de l'engagement du gouvernement à l'égard de la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, ainsi que du leadership dont fait preuve le Canada pour sauver des vies», a résumé dans un courriel Catherine Loubier, l'attachée de presse de M. Harper.

Le chanteur a également rencontré le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, et le chef libéral Justin Trudeau.

Bono n'a pas accordé d'entrevues à la presse parlementaire - selon un porte-parole de la fondation cofondée par Bono, ONE, il a fait un saut à Ottawa pour «écouter» les politiciens et non pour «parler».

Il a cette fois réussi à obtenir une rencontre avec le premier ministre Harper, qui avait refusé de s'entretenir en privé avec lui en 2007 lors d'un sommet du G8 qui se tenait en Allemagne.

«Rencontrer des célébrités, ce n'est pas mon truc», avait lâché le chef conservateur, que le chanteur avait ensuite publiquement accusé de bloquer un accord sur l'aide internationale à l'Afrique.