Dans la foulée de la fusillade qui a tué un policier, le maire d'Edmonton a laissé entendre que l'abolition par le gouvernement fédéral du registre des armes à feu pourrait être à blâmer, un commentaire que le ministre de la Justice, Peter MacKay s'est empressé de critiquer.

En conférence de presse mardi, le maire Don Iveson a affirmé que la police a besoin de savoir si ses agents peuvent être confrontés à des armes à feu lorsqu'ils répondent à un appel.

Le constable Daniel Woodall, qui travaillait dans l'unité des crimes haineux, a été tué par la balle d'un fusil de gros calibre lundi soir, alors qu'il allait avec un collègue exécuter un mandat d'arrestation pour harcèlement criminel. Le sergent Jason Harley a été atteint au bas du dos, mais il s'en est bien sorti.

Questionné à savoir s'il y avait une explication à la hausse des échanges de tirs avec la police, M. Iveson s'est aventuré en terrain politique glissant.

«Je suis bel et bien inquiet de la violence armée, et je dirais que la perte de registre d'armes à feu pourrait être liée», a-t-il lâché.

C'est un moment délicat pour le gouvernement Harper, qui tente de faire adopter à la hâte une loi remodelée sur les permis et la possession d'armes avant la relâche estivale et les élections générales prévues cet automne.

À Ottawa, le ministre de la Justice, Peter MacKay, a vivement dénoncé ce qu'il a qualifié de spéculation du maire.

«Les commentaires du maire, bien franchement, sont inutiles, inappropriés et arrivent au mauvais moment», a-t-il reproché. De faire la déclaration que ceci aurait pu être évité par les données du registre des armes, franchement, je trouve ça absurde.»

M. Iveson a présenté des excuses par la voie des médias sociaux.

«La spéculation de ce matin sur le registre des armes était prématurée, a-t-il écrit. L'important devrait être nos condoléances et la sécurité des membres du SPE (service de police d'Edmonton) et du public. Mes excuses.»

Le programme du registre des armes d'épaule a été aboli en 2012 par les conservateurs.

Le gouvernement pousse présentement le projet de loi C-42, surnommé la «loi du bon sens», «le premier changement substantiel au régime des armes à feu depuis son arrivée il y a 20 ans», considère le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney.

Le gouvernement Harper collabore avec la communauté des propriétaires d'armes à feu pour arriver à un équilibre entre la sécurité publique et ce qu'il appelle la «rationalisation» de la paperasse liée aux armes.

Le projet de loi comprend diverses mesures qui adoucissent les règles sur la possession d'armes et simplifient le système de permis en fusionnant les permis d'acquisition et de possession. Il exige aussi un entraînement obligatoire pour tous les détenteurs de permis et une interdiction à vie de posséder une arme à feu aux criminels condamnés pour violence conjugale.

Mardi, M. Blaney faisait la promotion de la loi C-42 auprès d'un comité du Sénat. Bien que les sénateurs n'aient pas soulevé le sujet de la fusillade d'Edmonton, M. Blaney l'a évoquée à deux reprises pour répondre à des questions.

«Vous savez qu'au cours de la dernière décennie, notre gouvernement a probablement été celui qui a adopté les règles les plus strictes en matière de possession d'armes à feu illégales et envers les crimes commis avec des armes à feu - spécialement ces crimes horribles», a-t-il affirmé au comité.