Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair voudrait que le premier ministre Stephen Harper profite de sa visite au Vatican pour réclamer des excuses formelles au pape en lien avec le rôle joué par l'Église catholique au sein des pensionnats autochtones - qui ont été qualifiés de «génocide culturel» par une commission.

M. Mulcair estime que le voyage du premier ministre au Saint-Siège arrive juste à point, soit quelques jours après la publication du rapport de la Commission vérité et réconciliation, qui recommandait notamment au gouvernement canadien de demander au pape de venir au Canada pour formuler des excuses officielles au nom de son institution.

Le chef néo-démocrate presse le premier ministre d'aborder le sujet avec le souverain pontife, qu'il rencontrera jeudi à la fin de son voyage d'une semaine en Europe.

Les autorités catholiques du Canada se sont déjà excusées pour les sévices perpétrés auprès des enfants dans les pensionnats autochtones, qui étaient aussi administrées par les Églises unie, anglicane et presbytérienne.

Le juge Murray Sinclair, qui a présidé la commission, estime cependant que ce n'est pas suffisant. Le pape représente «l'autorité morale et spirituelle» de l'Église catholique et les victimes des pensionnats sont déçues qu'il n'ait pas encore présenté ses excuses, a-t-il indiqué.

Lors d'un passage à l'émission Question Period au réseau de télévision CTV, dimanche, Thomas Mulcair a rappelé que le prédécesseur du pape François, Benoît XVI, s'était excusé pour les agressions dans les écoles catholiques irlandaises.

«Avec toutes les preuves qui sont sur la table, il devrait seulement lui demander s'il serait ouvert à présenter ce genre d'excuse. C'est quelque chose de constructif qui a été demandé et que nous pouvons faire», a-t-il soutenu.

Le bureau du ministre canadien des Affaires autochtones a indiqué que Bernard Valcourt avait déjà écrit au Vatican, ainsi qu'aux provinces, aux territoires et à la Fédération canadienne des municipalités pour qu'ils consultent le rapport de la commission et ses recommandations.

Quant aux 93 autres recommandations de la commission, M. Mulcair considère qu'il serait irréaliste de promettre de tout mettre en place comme l'a fait le chef libéral Justin Trudeau.

«Nous allons (établir) des priorités; nous allons nous consacrer aux enjeux qu'ils considèrent les plus importants et nous le ferons dans l'ordre de ce qu'ils considèrent comme étant le plus important», a-t-il expliqué.

Les recommandations des commissaires sont aussi variées qu'une plus grande indépendance des services policiers, une réduction du nombre d'enfants autochtones dans les familles d'accueil et une utilisation restreinte des peines minimales obligatoires.

M. Mulcair a d'ailleurs rappelé que plusieurs changements réclamés par la commission nécessiteraient l'appui des provinces, ajoutant que son gouvernement se concentrerait d'abord sur les modifications moins complexes à implanter.