Le vérificateur général Michael Ferguson estime, dans le rapport sur les dépenses des sénateurs qu'il déposera mardi, que Pierre-Hugues Boisvenu a réclamé l'équivalent de 61 076 $ en dépenses inadmissibles et juge que son dossier doit être remis entre les mains des enquêteurs de la GRC.

Quelque 15 800 $ de ces dépenses sont liés à des indemnités de logement que M. Boisvenu a empochées pendant près d'un an alors que, soutient le vérificateur général, sa résidence principale était à Ottawa, a appris La Presse, vendredi.

Une autre somme de 38 500 $ représente des frais de voyage et d'hébergement qu'a réclamés M. Boisvenu alors qu'il participait à des activités liées à l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues, qu'il a fondée quelques années avant sa nomination au Sénat en 2010, ou à la publication de son livre Survivre à l'innommable, selon nos informations.

Porte-étendard du gouvernement Harper en matière de loi et d'ordre, M. Boisvenu a annoncé jeudi soir qu'il quittait «volontairement» le caucus conservateur après avoir appris que son dossier serait remis à la GRC. Le sénateur, qui siège maintenant comme indépendant au Sénat, n'a pas accordé d'entrevue aux médias, vendredi. Son bureau a fait savoir qu'il s'expliquerait après le dépôt du rapport du vérificateur général, mardi après-midi.

Chez les conservateurs, vendredi, personne ne s'est porté à la défense de M. Boisvenu. «Le Sénat a demandé au vérificateur général de passer en revue les dépenses des sénateurs. [...] L'usage abusif de l'argent des contribuables est inacceptable. Le sénateur ne fait plus partie de notre caucus», a-t-on indiqué au bureau du premier ministre Stephen Harper.

Enquête

Dans son rapport, le vérificateur général a conclu que le dossier de neuf sénateurs à la retraite ou toujours en poste doit faire l'objet d'une enquête criminelle de la GRC. Parmi eux, deux sénateurs - Pierre-Hugues Boisvenu et le libéral Colin Kenny - siègent toujours au Sénat. Dans le cas de M. Kenny, les dépenses inadmissibles s'élèvent à 35 549 $, toujours selon nos informations.

Le cas de M. Boisvenu est toutefois loin d'être le plus grave. L'ancien sénateur libéral du Manitoba Rob Zimmer arrive au premier rang à ce chapitre. Selon les calculs du vérificateur général, il a réclamé 176 000 $ en dépenses inacceptables.

Les autres anciens sénateurs qui feront vraisemblablement l'objet d'une enquête de la GRC sont: Marie-Paule Charrette-Poulin (131 434 $, du Parti libéral); Rose-Marie Losier-Cool (110 000 $, du Parti libéral); Gerry Saint-Germain (55 580 $, du Parti conservateur); Don Oliver (48 000 $, du Parti conservateur); Bill Rompkey (17 292 $, du Parti libéral) et Sharon Carstairs (7528 $, du Parti libéral).

Le Sénat a transmis vendredi les dossiers de réclamations de ces neuf sénateurs à la GRC.

Dans son rapport, le vérificateur général précise aussi que 21 autres sénateurs se sont fait rembourser des dépenses inadmissibles, mais leur cas ne devrait pas être soumis à la GRC. Ils seront invités à rembourser ces dépenses.

En tout, le chien de garde des contribuables estime à 976 000 $ l'ensemble des dépenses inadmissibles réclamées par tous ces sénateurs. L'enquête de M. Ferguson, qui a duré deux ans et a scruté les dépenses des sénateurs de 2012 et 2013, a coûté 21 millions aux contribuables.