Alors que les Albertains se préparent à se rendre aux urnes, mardi, les politiciens amorçaient le dernier sprint de la campagne riche en rebondissements.

Le premier ministre sortant Jim Prentice s'attendait à gagner facilement cette élection, qu'il a déclenchée un an plus tôt que la loi ne le prévoit. Le Parti progressiste-conservateur, fort de ses 70 députés sur 87, était en bonne posture lorsque l'Assemblée législative a été dissoute.

Or, le parti qui a gouverné la province pendant plus de 40 ans s'est plutôt retrouvé dans une lutte à trois, contre le Nouveau Parti démocratique (NPD) à sa gauche et le parti Wildrose à sa droite.

Selon les experts, si M. Prentice réussit à arracher une victoire, ce ne sera sûrement pas grâce à sa campagne.

«Ça été une campagne parsemée de gaffes, d'histoires de procédures plutôt qu'une centrée sur une vision et une plateforme», a indiqué Bob Murray, vice-président de la recherche au groupe de réflexion Frontier Centre of Public Policy.

Le premier ministre Prentice avait décidé de convoquer les Albertains aux urnes pour qu'ils lui donnent un mandat clair concernant son dernier budget, qui propose entre autres de diversifier les sources de revenus de la province pour moins dépendre du secteur pétrolier. Des dizaines de taxes ont été majorées et les dépenses du gouvernement ont été gelées ou coupées dans certains domaines.

Le parti Wildose, par la voix de son nouveau chef Brian Jean, a critiqué vertement le premier ministre pour ne pas avoir comprimé ses dépenses. En revanche, la chef du NPD, Rachel Notley, a reproché au gouvernement d'avoir trop coupé, tout en augmentant les taxes.

«Même s'il y avait quelques bonnes mesures, notamment pour les familles, le nombre d'augmentations de taxes et les coupes ont rendu ce budget impopulaire», a analysé Lori Williams, professeure de politiques publiques à l'université Mount Royal, à Calgary.

M. Prentice a aussi dû éteindre un certain nombre de feux durant sa campagne. Par exemple, il a été forcé de demander la démission de son ministre de la Justice Jonathan Denis, qui était lui-même impliqué dans des démêlés judiciaires.

Quel que soit le résultat, les experts s'entendent pour dire que Rachel Notley a été la révélation de la campagne. Aux dernières élections, le NPD n'avait obtenu que 10 % du vote et quatre sièges. Or, selon les sondages, le NPD pourrait faire une percée à Edmonton et même dans un bastion conservateur, à Calgary.

Selon Mme Williams, la popularité de Mme Notley s'explique par sa proximité avec les Albertains. «Les gens l'aiment. Ils l'appellent Rachel», a-t-elle affirmé.