La tentative de séduction du chef libéral fédéral Justin Trudeau envers les syndicats vient de frapper un mur.

Il fait face à l'opposition de dirigeants syndicaux après que les libéraux se soient plaints plus tôt cette semaine au sujet d'espace dans des bureaux parlementaires fournis par le Nouveau Parti démocratique (NPD) à l'unité syndicale qui représente son personnel.

Trois leaders syndicaux ont envoyé des lettres furieuses à M. Trudeau, accusant les libéraux d'avoir injustement traîné le mouvement syndical dans un conflit partisan avec le NPD.

Ils jugent que cela jette aussi un doute sur la sincérité de l'engagement du chef libéral envers les droits des travailleurs.

Le président des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC) Paul Meinema estime que cette sortie des libéraux est «partisane et injuste».

«Cela envoie un message de la part du Parti libéral du Canada que les syndicats et le mouvement des travailleurs peuvent être instrumentalisés (...) comme chair à canon dans une bataille politique partisane», a-t-il déploré.

Les syndicats sont habitués à recevoir les insultes des conservateurs, a souligné M. Meinema, mais ils ne s'attendaient pas à être la cible des libéraux qui avaient pourtant «rappelé leur engagement envers les droits des travailleurs et le mouvement syndical», a-t-il noté.

M. Trudeau a lancé un effort concerté récemment pour gagner le soutien du mouvement des travailleurs, qui a traditionnellement plutôt été aligné avec les néo-démocrates. Encore lundi, lors d'un discours devant des pompiers de Toronto, M. Trudeau a promis d'abroger les lois «antisyndicales» des conservateurs de Stephen Harper.

Cependant, plus tôt cette semaine, des députés libéraux se sont joints aux conservateurs pour se plaindre du fait que les néo-démocrates utilisent de façon inappropriée les ressources parlementaires pour fournir de l'espace de bureau à des délégués syndicaux qui représentent quelque 700 employés politiques du NPD.

Le député libéral Dominic LeBlanc, qui siège au sein du Bureau de régie interne, a plaidé qu'il était «vraiment étrange» que le NPD utilise «l'argent des contribuables» pour ses activités syndicales.

Le NPD est le seul parti fédéral dont les employés sont syndiqués. Selon la convention collective, le parti offre à son syndicat des espaces à bureaux sur la Colline du Parlement depuis 1997.

Dans leurs trois lettres, les dirigeants des TUAC, des Métallurgistes unis ainsi que de l'Alliance de la fonction publique du Canada ont souligné qu'il était courant que les locaux des syndicats soient fournis directement sur le lieu de travail des employés qu'ils représentent.

Le président national du Syndicat canadien de la fonction publique, Paul Moist a rappelé que ces arrangements étaient répandus dans les secteurs public et privé. «Nous n'avons pas essuyé de critique partisane de cette pratique (...) comme l'a fait un membre de votre caucus», a-t-il ajouté.

Le chef des Métallurgistes unis Ken Neumann dénonce quant à lui le «manque de connaissance» de M. LeBlanc envers les «principes essentiels» du mouvement syndical. «Nous sommes très inquiets qu'il choisisse d'attaquer un principe fondamental du droit syndical qui a été négocié librement, et, par le fait même, d'attaquer la légitimité du mouvement syndical», a-t-il poursuivi.

Ni M. Leblanc, ni M. Trudeau n'ont rappelé La Presse Canadienne pour commenter les propos des chefs syndicaux.

De passage à Regina, en Saskatchewan, Thomas Mulcair a réitéré qu'il était normal pour un employeur de fournir de l'espace de travail à son syndicat. Il s'est dit «terriblement surpris» que les libéraux remettent en question cette pratique.