Les députés ou partis qui souhaitent le retrait ou l'adaptation de la prière aux Communes devront proposer eux-mêmes des changements aux règlements actuellement en vigueur.

«La pratique de la prière est prévue dans le règlement de la Chambre. Le président n'a pas l'intention de changer ceci», a écrit dans un courriel Heather Bradley, directrice des communications au bureau du président de la Chambre des communes, Andrew Scheer.

Le règlement en question peut être modifié à la suite d'une décision de la Chambre prise soit par consensus, soit par un vote à la majorité simple sur une motion présentée par un député.

La précision apportée mercredi par le bureau de M. Scheer survient après que le bureau du chef parlementaire du Nouveau Parti démocratique (NPD), Peter Julian, lui eut demandé de se prononcer sur la question.

Il reste à voir si les néo-démocrates pourraient envisager déposer une motion ou entamer une autre démarche pour demander une modification procédurale - M. Julian n'était pas disponible pour commenter la réaction du président de la Chambre, mercredi en fin de journée.

Le dossier de la prière s'est transporté à Ottawa après que la Cour suprême du Canada eut ordonné la semaine dernière au maire de Saguenay, Jean Tremblay, de mettre fin à la récitation publique d'une prière à l'ouverture des séances du conseil municipal.

Le chef du NPD, Thomas Mulcair, disait mercredi matin qu'il fallait se pencher sur cette question «névralgique», car «s'il y a un endroit où on doit montrer qu'on respecte intégralement la Charte des droits, c'est bien ici au Parlement».

Lorsqu'on lui a demandé de se prononcer sur la pratique ayant cours à la Chambre des communes, il a affirmé avoir «toujours aimé le système à l'Assemblée nationale» du Québec, où il a siégé entre 1994 et 2007.

«On donnait un moment de recueillement. Donc ça donnait un moment solennel au début de chaque session et les gens qui voulaient prier étaient libres de prier, mais ce n'était pas imposé», expliquait M. Mulcair en point de presse à l'issue de la réunion de son caucus.

De son côté, le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, a soutenu qu'il trouvait «important» ce qu'il a qualifié de «moment de réflexion solennel».

«J'espère, et je suis certain, que nous allons pouvoir trouver une façon de procéder», a-t-il affirmé en point de presse au parlement mercredi midi.

Mais il faut s'assurer, a-t-il poursuivi, «que c'est fait de façon à respecter tout le monde».

En début de semaine, plusieurs ministres conservateurs et quelques députés avaient témoigné de leur désir de perpétuer la tradition.

D'autres, comme la chef du Parti vert du Canada, Elizabeth May, et la députée néo-démocrate Françoise Boivin, avaient plutôt exprimé le souhait que le texte soit amendé pour retirer la référence à Dieu.

Le texte de la prière a été modifié en 1994 pour tenir davantage compte des différents cultes pratiqués au Canada.

L'ancien texte comptait près de 400 mots et commençait ainsi: «Ô Seigneur!, notre Père Céleste, Haut et Puissant, Roi des rois, Seigneur des seigneurs, le seul Souverain des princes, qui contemplez de Votre trône tous les habitants de la terre». Il se terminait avec le Notre Père.

Celui que lit maintenant le président de la Chambre a moins de 100 mots et comporte moins de références au christianisme, mais il s'amorce avec les mots «Dieu tout-puissant».

La Cour suprême du Canada ne s'est pas prononcée sur la récitation de la prière à la Chambre des communes. Celle-ci  se fait en matinée, derrière des portes closes, avant que le public et les journalistes ne fassent leur entrée.