Alors que le Canada se prépare pour une opération élargie contre le groupe extrémiste État islamique en Irak et en Syrie, le comité des affaires étrangères à majorité conservatrice appelle le gouvernement à concevoir une stratégie allant au-delà des éléments militaires.

Le rapport du comité explorant l'intervention du Canada contre l'État islamique a été déposé discrètement, lundi, peu avant l'adoption par les députés à la Chambre des communes de la motion du gouvernement sur le prolongement de l'intervention militaire pour une autre année. La motion a été adoptée à 142 voix contre 129 voix, l'opposition exprimant son refus relativement à l'absence de nouvelles mesures humanitaires et au flou sur l'objectif ultime de la mission militaire.

Le comité a déterminé que des avancées sur des questions sociales plus larges seraient nécessaires pour écarter de façon durable l'État islamique des secteurs peuplés et éliminer tout soutien local au groupe armé.

Selon le rapport, une victoire durable devra inclure l'implantation de réformes de sécurité et de gouvernance en Irak, et la formation et le déploiement de forces de sécurité irakiennes efficaces et imputables en mesure de reconquérir et de conserver le terrain perdu dans toutes les régions de l'Irak.

Durant le débat sur la motion du prolongement de la mission, les conservateurs ont argué qu'ils ne percevaient pas la solution à la menace de l'État islamique comme étant uniquement militaire, mais qu'aucun développement véritable ne pouvait survenir avant la stabilisation de la situation sécuritaire sur le terrain.

Le comité a semblé en désaccord avec cette vision des choses, faisant valoir que le moment était venu de se pencher sur un plan de développement.

«Le comité recommande que le gouvernement du Canada conçoive une stratégie à long terme pour guider son intervention au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ancrée sur des objectifs de soutien à la bonne gouvernance, de développement du pluralisme et d'élargissement des occasions économiques, particulièrement en ce qui a trait à la jeunesse», indique le rapport.

Le gouvernement Harper est déjà investi dans plusieurs des initiatives proposées, bien que certains des fonds promis - 5 millions $ pour aider les victimes de violence sexuelle, par exemple - n'aient pas encore été dépensés.

Jusqu'à maintenant, le gouvernement a dépensé près de 100 millions $ en Irak, la plupart des fonds allant à l'aide humanitaire directe, tandis que 700 millions $ ont été dépensés en Syrie, aussi principalement pour l'aide d'urgence.