Le port du niqab dans la fonction publique fédérale divise le caucus néo-démocrate à Ottawa.

Le député québécois Alexandre Boulerice estime que les employés de l'État ne devraient pas être autorisés à couvrir leur visage, comme ce serait le cas avec le niqab qui cache tout le visage, ne laissant que les yeux à découvert.

M. Boulerice souhaiterait aussi la création d'une commission nationale - à l'image de la commission Bouchard-Taylor au Québec - afin de mieux encadrer les accommodements religieux et culturels.

Certains collègues ne sont toutefois pas du même avis. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a même publié un communiqué pour préciser que M. Boulerice avait exprimé une «opinion personnelle».

Le député de Winnipeg-Centre Pat Martin a affirmé qu'il ne voyait aucun problème à ce qu'un employé de l'État porte même un «sac de papier» sur la tête. Il a plaidé que ce choix ne concernait pas les élus du Parlement. M. Martin a cependant ajouté qu'il ne s'opposerait pas à mettre en place une commission sur la question.

Paul Dewar, député d'Ottawa-Centre où se trouvent de nombreux fonctionnaires, croit que son collègue québécois tente de régler un problème «qui n'existe pas». Il dit ne pas avoir reçu de plainte concernant le port de ces signes religieux.

«Pourquoi étudier quelque chose qui n'existe pas?», a-t-il lancé aux journalistes.

M. Boulerice a fait ces commentaires dans le cadre du débat sur le port du niqab, qui a fait couler beaucoup d'encre dans les dernières semaines. Le premier ministre Stephen Harper a affirmé jeudi que ce signe religieux allait à contre-courant des «valeurs canadiennes» et découlerait d'une culture «anti-femmes».

Le mois dernier, le gouvernement conservateur avait annoncé qu'il interjetterait appel de la décision de la Cour fédérale concernant le port du niqab lors des cérémonies d'assermentation pour recevoir la citoyenneté canadienne. M. Harper jugeait qu'il était «choquant» qu'une femme cache son visage lorsqu'elle souhaite se joindre à la «grande famille canadienne».

La controverse s'est accentuée le mois dernier lorsque le chef du Parti libéral Justin Trudeau a accusé le premier ministre de porter atteinte aux droits des musulmans dans le cadre du débat sur le projet de loi antiterroriste, afin de s'attirer les faveurs de l'électorat.

Les propos de Stephen Harper pourraient avoir une résonance particulière au Québec - où l'enjeu des accommodements des minorités est dans l'actualité depuis des années, culminant avec le débat sur la Charte des valeurs du Parti québécois (PQ). Le projet de l'ancien gouvernement péquiste aurait eu pour effet d'interdire aux fonctionnaires le port de tout signe religieux ostentatoire.

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair s'était vigoureusement opposé à la charte du PQ, mais il est demeuré plus prudent sur le port du niqab - probablement parce que plus de la moitié de sa députation provient du Québec.

M. Mulcair s'était toutefois dit d'accord avec le juge ayant invalidé l'interdiction de porter le niqab lors des cérémonies de citoyenneté.