Alors que le Nouveau Parti démocratique (NPD) n'a pas hésité à questionner le gouvernement sur la mission en Irak dans la foulée de la mort du sergent Andrew Joseph Doiron, lundi, le Parti libéral du Canada (PLC) a dit vouloir se concentrer sur le deuil que vivent ses proches.

Pour les néo-démocrates, il n'y a aucun doute: les conservateurs ont des comptes à rendre sur cette mission militaire en Irak, surtout à la suite du décès du sergent Doiron. Le soldat a été abattu par un tir fratricide sur le terrain, vendredi, dans des circonstances encore nébuleuses.

Le ministre de la Défense, Jason Kenney, a affirmé dimanche en entrevue au réseau CTV que les soldats canadiens étaient «à 200 mètres» de la ligne de front lorsque l'incident, qui a également fait trois blessés, est survenu.

Ces propos ont amené le chef du NPD, Thomas Mulcair, à conclure que «de toute évidence», les militaires canadiens étaient sur la ligne de front, «ce qui est le contraire de ce qui a été promis» par le premier ministre Stephen Harper à l'automne lors du débat sur la mission.

«C'est assez évident que (le sergent Doiron) est mort au combat», a-t-il tranché lors d'un point de presse à Laval, où il était de passage, lundi.

La mort tragique du soldat âgé de 31 ans ne devrait pas empêcher les parlementaires de débattre du déploiement canadien en Irak, avait plaidé un peu plus tôt la chef adjointe du NPD, Megan Leslie, en disant espérer que le tout ne serait pas «récupéré à des fins politiques».

En l'absence de son chef, Mme Leslie a ouvert la période de questions en Chambre, lundi, y allant de trois questions consécutives sur autant d'aspects de la mission.

Elle a notamment demandé quelles étaient les intentions du gouvernement en ce qui a trait à la possible prolongation de cet engagement d'une durée initiale de six mois, qui vient à échéance le 7 avril.

Le ministre Kenney n'a pas voulu ouvrir le jeu des conservateurs.

«Évidemment, nous croyons que le Canada a encore un rôle important à jouer. Si nous demandons une prolongation, nous déposerons évidemment une motion» à la Chambre des communes, s'est-il contenté de répondre.

Les libéraux, de leur côté, n'ont posé aucune question sur la mission irakienne, se contentant d'offrir leurs condoléances aux proches et à la famille du militaire originaire de Moncton, au Nouveau-Brunswick.

À la sortie de l'exercice en Chambre, la porte-parole libérale en matière de défense a dit préférer se concentrer sur «la tristesse et le deuil» dans lequel ont été plongés les êtres chers du sergent Doiron.

«Nous poserons une question lorsque nous aurons une question à poser. Pour le moment, nous nous concentrons sur les familles», a laissé tomber Joyce Murray en mêlée de presse.

Le gouvernement canadien et les forces kurdes ne s'entendent pas sur les circonstances entourant le décès du militaire.

Le ministre Kenney a soutenu lundi que les soldats canadiens avaient «observé leur mandat d'assistance et de conseil auprès des Peshmergas et des Kurdes» et que l'incident de vendredi était la conséquence d'un «tir ami», d'«une erreur de reconnaissance» de la part des milices kurdes.

«Nos commandants dans la région font évidemment des modifications nécessaires et il y a trois enquêtes concernant l'incident», a-t-il complété.

En entrevue avec l'Associated Press, dimanche, le porte-parole de l'armée kurde, Halgurd Hekma, avait rejeté le blâme sur les Canadiens pour ne pas avoir suivi les ordres en se présentant sur la ligne de front, parlant d'une décision «illogique et inappropriée».