Après avoir recommandé une accélération de la livraison du nouveau pont Champlain, avoir participé à la préparation du projet en partenariat public-privé (PPP), avoir effectué les travaux préliminaires, y compris le design, la firme d'ingénierie ARUP devient le conseiller technique du gouvernement fédéral dans ce dossier pour les sept prochaines années au moins.

C'est au terme d'un appel d'offres public qu'ARUP a décroché le contrat de 20,4 millions de dollars. Infrastructure Canada en a fait l'annonce hier soir par voie de communiqué. Il s'agit du troisième contrat concernant le remplacement du pont Champlain dont bénéficie ARUP, firme d'origine britannique installée au Québec depuis seulement deux ans.

À titre de sous-traitant du cabinet comptable PwC, ARUP avait d'abord travaillé à l'analyse de rentabilité du projet. La firme avait alors recommandé que le pont Champlain soit remplacé le plus vite possible, étant donné sa détérioration. Par la suite, en 2013, le ministre de l'Infrastructure Denis Lebel avait décidé d'attribuer de gré à gré un contrat de 15,2 millions à ARUP pour effectuer les premiers travaux d'ingénierie.

L'absence de concurrence pour l'attribution de ce contrat avait suscité de très nombreuses critiques, notamment de la part de l'Association des ingénieurs-conseils du Québec (AICQ) et de l'Association des firmes d'ingénieurs-conseils du Canada. Le gouvernement conservateur avait justifié sa décision en soutenant que de faire appel à ARUP allait permettre de gagner six mois sur l'échéancier du remplacement du pont.

Pour le nouveau mandat annoncé hier, le gouvernement est revenu aux règles habituelles d'attribution de contrats et a choisi un processus d'approvisionnement que le gouvernement estime être «ouvert, transparent, concurrentiel et équitable». Le contrat d'ARUP consistera à accompagner Infrastructure Canada en lui offrant des conseils techniques. La firme sera identifiée sous l'appellation d'Ingénieur du donneur d'ouvrage (IDO).

Malgré sa connaissance fine du dossier depuis plusieurs années, ARUP n'a bénéficié d'aucune information privilégiée, a soutenu hier soir le cabinet du ministre Lebel. «ARUP a conseillé le gouvernement depuis le début et a contribué à la mise en place du projet. Mais la firme n'a pas été favorisée pour autant», a indiqué l'attaché de presse Vincent Rabault.

Le contrat d'ARUP s'étendra sur sept ans mais pourrait être prolongé de trois périodes d'un an. ARUP «s'assurera que les exigences du gouvernement du Canada pour ce projet seront respectées», précise-t-on dans le communiqué de presse. De plus, la firme participera à la surveillance du chantier ainsi qu'à la conformité, la qualité et l'impartialité du travail du partenaire privé.

Le partenaire privé sera connu au début d'avril. L'été dernier, le gouvernement a lancé un appel de propositions pour dénicher le consortium qui fera la conception, la construction et l'exploitation du nouveau pont Champlain. Trois soumissionnaires sont sur les rangs avec chacun une firme de génie au coeur du projet: Partenariat Nouveau Pont Saint-Laurent (Dessau qui a été rachetée par Stantec), Alliance Saint-Laurent (WSP, anciennement Genivar) et Groupe Signature sur le Saint-Laurent (SNC-Lavalin).