Le NPD réclame la tenue d'un nouveau débat et d'un vote au Parlement sur l'évolution de la mission des troupes canadiennes déployées au sol en Irak. « Si on veut changer la mission, il faut revenir au Parlement. C'est le Parlement qui doit voter là-dessus », a tranché le chef du NPD, Thomas Mulcair.

Les Forces armées canadiennes ont révélé hier que des membres des forces spéciales ont été impliqués dans deux nouveaux échanges de tirs avec des combattants du groupe armé État islamique (EI) au cours de la dernière semaine. Il s'agit du troisième événement du genre à survenir depuis deux semaines. Les militaires affirment que ce sont des situations où ils ont dû se défendre contre des tirs ennemis.

Mais ces cas surviennent alors que la mission des quelque 70 membres des forces spéciales est en pleine évolution. Lors de leur déploiement, en septembre, le gouvernement a affirmé que leur mandat se limiterait à de l'assistance et des conseils techniques. Il a écarté la possibilité que ces troupes prennent part à des activités de combat.

« Je crois l'avoir expliqué très clairement [...]. Nous ne déployons pas de troupes de combat sur le terrain. Nous n'allons pas combattre. Notre rôle est on ne peut plus précis et clair », avait déclaré le ministre de la Défense Rob Nicholson, le 9 septembre, en réponse à une question de Marc Garneau. Le député libéral lui avait demandé de « confirmer [...] qu'aucun soldat canadien ne sera dans les tranchées ou ne participera à des opérations offensives ou défensives sur le terrain ».

Or ces troupes sont appelées de plus en plus souvent à accompagner les forces de sécurité irakiennes au front, tandis que ces forces font elles-mêmes de plus en plus souvent de sorties offensives, a expliqué hier le capitaine de vaisseau Paul Forget, lors d'une séance d'information à Ottawa.

Le haut commandement des forces canadiennes a de plus révélé la semaine dernière que depuis novembre, les membres des forces spéciales ont participé à 13 reprises à des missions d'identification de cibles au sol pour des frappes aériennes de la coalition dirigée par les États-Unis.

« Je ne suis pas sûr qu'on puisse former des troupes sans les accompagner. Nous avons été très clairs [sur le fait] que nous allons assister et former ces individus. »

- Rob Nicholson, ministre de la Défense, hier à Ottawa

Les libéraux ont qualifié les propos du ministre de « contradictoires ».

Les partis de l'opposition accusent ainsi le gouvernement d'avoir induit la population en erreur et de ne pas avoir tenu le Parlement informé de ces changements importants. La question des combats au sol est d'ailleurs un sujet délicat, même au sein du caucus conservateur.

Le NPD a réclamé la tenue d'un débat d'urgence hier soir, mais cette demande a été refusée par le président de la Chambre. L'opposition officielle pourrait revenir à la charge sous peu.

PROLONGATION DE LA MISSION ?

Le gouvernement et les Forces armées maintiennent pour leur part que ces activités respectent le mandat d'assistance et de conseil technique donné aux troupes au sol il y a plus de trois mois. Comme le chef d'état-major Tom Lawson la semaine dernière, le capitaine Paul Forget a néanmoins convenu que le rôle des troupes canadiennes postées au sol a évolué depuis le mois de septembre.

« Au meilleur de ma connaissance, il n'y a pas eu de changement aux règles d'engagement données à nos Forces armées », a cependant précisé le militaire de haut rang.

À l'heure actuelle, le Canada a déployé six avions de chasse CF-18, deux avions de surveillance Aurora et un avion Polaris pour ravitailler les CF-18 en plein vol dans le cadre de cette mission. Cette portion de la mission a nécessité le déploiement de 600 militaires au Koweït. En outre, le Canada a déployé une soixantaine de militaires en Irak pour conseiller les forces irakiennes sur les meilleurs moyens à prendre pour contrer la menace du groupe armé État islamique.

En principe, le gouvernement Harper a indiqué que la mission des Forces canadiennes en Irak prendrait fin après six mois, soit en mars. Sa prolongation pourrait aussi faire l'objet d'un débat au Parlement au cours des prochains mois.