Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) assure que ses promesses sont abordables malgré la chute du prix du pétrole, qui affecte l'économie canadienne.

Thomas Mulcair n'a toutefois pas pu préciser, vendredi, où il trouverait les milliards nécessaires à l'instauration d'un système national de services de garde ou à l'augmentation de six pour cent des paiements de transfert aux provinces.

En entrevue avec La Presse Canadienne, il a promis que la plateforme du NPD serait chiffrée à temps pour les prochaines élections fédérales.

M. Mulcair croit que cette diminution importante des prix du pétrole rend impossible l'atteinte de l'équilibre budgétaire pour l'exercice financier 2015-2016.

Il a ajouté que les Canadiens ne pourront jamais vraiment savoir si le gouvernement conservateur est parvenu à équilibrer le budget puisque des élections générales se tiendront vraisemblablement en octobre prochain.

«Ils présenteront les chiffres qu'ils veulent bien montrer et ceux-ci ne seront pas vraiment vérifiés», a-t-il déploré.

Malgré ces incertitudes, le chef du NPD ne compte pas réviser ses promesses si le portrait financier s'avère plus négatif que prévu - ce que plusieurs gouvernements ont dû faire par le passé.

«C'est tellement hypothétique, mais je ne suis pas inquiet. Nous avons des priorités et cela nous permettra de réaliser nos promesses», a-t-il soutenu.

M. Mulcair a rappelé deux de ses engagements qui visent à générer des revenus supplémentaires au gouvernement et ce, sans augmenter les impôts.

Un gouvernement néo-démocrate annulerait le fractionnement du revenu annoncé par les conservateurs - une décision qui pourrait faire économiser 2 milliards $ par année au gouvernement.

Le NPD abolirait aussi les diminutions d'impôts accordées aux entreprises. Le parti ne précise toutefois pas à quel niveau serait le taux d'imposition.

M. Mulcair avait eu l'habitude de dire que son parti ferait grimper le taux d'imposition des sociétés, qui est à 15 pour cent, pour se rapprocher de la moyenne des pays de l'OCDE. Plus récemment, le chef avait plutôt parlé de ramener le taux plus près de la moyenne du G7, ce qui signifierait une hausse potentielle jusqu'à 4,5 points de pourcentage.

Le candidat néo-démocrate Eric Weir, un économiste, évalue que chaque augmentation d'un point de pourcentage générerait environ 1,5 milliard $ en revenus chaque année.

Or, selon l'économiste Stephen Gordon, une telle mesure n'augmentera pas nécessairement les revenus et même qu'elle pourrait ralentir la croissance économique. Le professeur de l'Université Laval a dit croire que des entreprises trouveraient le moyen de transférer leurs revenus dans d'autres pays pour éviter de payer davantage.

M. Gordon estime que la comparaison avec les autres membres du G7 ne tient pas la route, puisque des pays comme les États-Unis et le Japon, en vertu de leur immense économie, peuvent décréter des taux d'imposition élevés. Si le Canada faisait la même chose, il y aurait des conséquences néfastes, selon lui.

Si l'objectif est d'accumuler de nouveaux revenus, selon l'économiste, augmenter les impôts des entreprises «est probablement le pire choix».

Le NPD a aussi promis de donner de nouveaux outils à l'Agence du revenu du Canada pour qu'elle puisse mieux cibler les entreprises coupables d'évasion fiscale.

Lors de sa mise à jour économique, alors que le prix du pétrole était à 80 $ le baril, le gouvernement Harper estimait qu'il allait perdre 2,5 milliards $ annuellement entre 2015 et 2019. Depuis, le prix du baril a chuté en dessous des 46 $.

Ce glissement des prix a amené le ministre des Finances à reporter la présentation du prochain budget, qui ne sera pas déposé avant le mois d'avril.