La chute brutale des prix du pétrole ne met pas en péril l'atteinte de l'équilibre budgétaire en 2015, assure le ministre des Finances, Joe Oliver.

Certes, la turbulence qui secoue les marchés financiers et le secteur de l'énergie aura un impact sur les revenus du gouvernement fédéral, mais pas au point de retarder d'un exercice financier l'élimination du déficit, a indiqué hier le grand argentier du pays.

Dans sa mise à jour économique et financière de novembre, M. Oliver avait indiqué que son ministère tablait sur un prix du pétrole moyen de 70 $ US le baril pour les prochains exercices financiers et qu'il s'agissait d'une estimation « prudente ».

Ce prix moyen à la baisse devait se traduire par des pertes de revenus de 500 millions pour le gouvernement fédéral durant le présent exercice financier et de 2,5 milliards de dollars par année pour la période comprise entre 2015 et 2019.

Or, le prix du pétrole brut avoisinait hier les 60 $ US le baril - un creux des cinq dernières années et une baisse de près de 10 $ US depuis que M. Oliver a divulgué ses plus récentes projections pour l'économie canadienne.

Rassurant

En point de presse, hier, le ministre Oliver a tenu à se faire rassurant quant à la date du retour à l'équilibre budgétaire. Il a affirmé que la volatilité sur les marchés financiers pourrait avoir des répercussions négatives, mais aussi positives.

« Nous surveillons de près la situation. [Mais] nous allons avoir un budget... un surplus l'année prochaine. Nous croyons que nos projections sont bonnes », a affirmé M. Oliver.

En 2015-2016, le ministre des Finances prévoit un surplus de 1,6 milliard de dollars, le premier excédent en sept ans. Mais le gouvernement Harper a aussi inclus dans ses projections un coussin financier de 3 milliards afin de parer aux imprévus, comme des catastrophes naturelles et la chute des prix dans le secteur de l'énergie.

L'Alberta vulnérable 

La situation est tout autre dans les provinces productrices de pétrole comme l'Alberta. Si le portrait des finances publiques de la province était plutôt rose, il y a à peine quelques mois, il s'est transformé radicalement au cours des dernières semaines. Mardi, le premier ministre de l'Alberta, Jim Prentice, a affirmé que si les prix internationaux du pétrole brut demeurent faibles, il pourrait être contraint de comprimer les dépenses de 6 à 7 milliards de dollars du budget d'environ 40 milliards de la province.

M. Prentice a soutenu que des mesures de restriction devraient être prises si ces conditions difficiles demeurent, et tout le monde devra se serrer la ceinture. « Les Albertains vont le ressentir. Ce ne sera pas facile, ni pour le gouvernement ni pour les Albertains », a-t-il dit.

L'été dernier, le baril de pétrole brut se négociait à environ 100 $ US à la Bourse NYMEX de New York. Un tel effondrement a forcé le gouvernement de l'Alberta à revoir le mois dernier ses prévisions de revenus pour l'année fiscale en cours. Le surplus anticipé est donc passé de 1,1 milliard à 933 millions, en tablant sur un prix du baril à 75 $ US.

M. Prentice a précisé que les compressions à venir ne toucheraient pas les secteurs importants comme l'éducation, la santé et les soins aux personnes âgées. Il a aussi écarté l'idée d'introduire une taxe de vente provinciale pour limiter les impacts de la fluctuation du prix du pétrole sur les revenus.

- Avec La Presse Canadienne

Les revenus de l'Alberta

L'Alberta tire près du cinquième de ses revenus des redevances sur les ressources naturelles. L'an passé, ces redevances se chiffraient à 9 milliards de dollars, soit 21% du budget de la province.