Le Sénat a adopté un obscur projet de loi d'intérêt privé qui pourrait brouiller le Canada et le Vietnam.

Le projet de loi, présenté par un sénateur conservateur, Thanh Hai Ngo, institue une journée nationale - le 30 avril - commémorant l'exode des réfugiés sud-vietnamiens après la prise de Saïgon (Hô-Chi-Minh-Ville) par les forces communistes du Front national de libération du Sud-Vietnam et celles du Nord-Vietnam, en 1975, ce qui a mis fin à la Guerre du Vietnam.

Le gouvernement vietnamien a dénoncé ce projet de loi qui pourrait nuire aux intérêts canadiens dans ce pays du sud-est asiatique. Pourtant, une des priorités du gouvernement Harper est de renforcer les liens économiques avec l'Asie.

Le Vietnam, un des principaux acteurs dans cette région, est membre de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) et de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN). Il est aussi l'un des partenaires de l'Accord de partenariat transpacifique.

Le projet de loi a été a été adopté par 45 des 49 sénateurs ayant participé au vote. Il sera maintenant soumis à la Chambre des communes où l'on ignore quand - et même si - il sera traité.

Mais si les Communes l'adoptent, a déclaré Viet Dung Vu, un diplomate à l'ambassade vietnamienne à Ottawa, il aura un impact néfaste sur les relations bilatérales en essor entre la Canada et le Vietnam, ainsi que sur les mesures visant à élargir et approfondir les liens entre les deux pays, notamment les relations de commerce et d'investissement.

«Cela enverra le mauvais message à la population vietnamienne et la communauté internationale sur les intentions du Canada envers notre pays», a-t-il ajouté par courriel.

L'ambassadeur du Vietnam, To Ah Dung, a aussi exprimé son inquiétude au ministre des Affaires étrangères, John Baird, lundi soir lors d'une réception sur la Colline du Parlement, a affirmé M. Vu.

Dans une lettre envoyée au comité des droits humains du Sénat, le directeur de l'organisme à but non lucratif pour les relations commerciales Canada-Vietnam Trade Council, Dai Trang Nguyen, que le projet de loi reflétait l'opinion de moins de cinq pour cent des Vietnamiens et qu'il promouvait une vision «passée, de haine, de négativité, de laquelle résulte une négligence du bien-être des générations futures». De cela découleraient également des conséquences fâcheuses sur les relations commerciales entre les deux pays, croit-il.

Le porte-parole de John Baird a simplement réitéré un commentaire déjà formulé, affirmant que le projet de loi ne provenait pas du gouvernement, et que les députés et sénateurs étaient libres de soumettre des projets de loi d'initiative parlementaire.