Alors que le gouvernement fédéral s'apprête à rétablir l'équilibre budgétaire, le premier ministre Stephen Harper a de nouveau sorti le chéquier hier en annonçant de nouveaux investissements de 5,8 milliards dans les infrastructures fédérales.

Près de la moitié de cette somme, soit 2,8 milliards, servira à retaper les infrastructures liées au patrimoine, au tourisme, aux voies navigables et aux routes dans des lieux historiques, des parcs nationaux et des aires marines nationales de conservation aux quatre coins du pays.

Une tranche de 500 millions servira à rénover et à construire des écoles situées dans les réserves autochtones. Environ 450 millions serviront à réparer ou à mettre à niveau des installations des Forces armées canadiennes.

M. Harper a annoncé les grandes lignes de ces investissements à London, dans le sud de l'Ontario, en compagnie de son ministre d'État responsable de la science et de la technologie, Ed Holder, et des députés conservateurs de cette région cruciale pour les conservateurs aux prochaines élections, Joe Preston et Susan Truppe.

L'événement avait l'allure d'une annonce de campagne électorale. M. Harper était vêtu d'un veston, ne portait pas la cravate et des employés du Conseil national de recherches (CNRC) se trouvaient derrière lui pendant qu'il confirmait la nature des investissements.

Les fonds serviront notamment à construire un nouvel édifice pour le CNRC à Winnipeg et à agrandir les édifices de l'organisation à Montréal et à London, a donné en exemple le premier ministre.

«Nous devons continuer à investir dans nos actifs [...]. L'infrastructure est la pierre angulaire de la réussite économique», a affirmé M. Harper.

Il s'agit de la deuxième annonce en importance faite par le premier ministre au cours des dernières semaines. Il y a trois semaines, M. Harper a annoncé une réduction du fardeau fiscal des familles frisant les 5 milliards par année.

Selon le bureau du premier ministre, le ministre des Finances Joe Oliver avait tenu compte de ces investissements dans les infrastructures lorsqu'il a fait sa mise à jour économique il y a deux semaines. Dans cette mise à jour, M. Oliver estimait à 1,9 milliard le surplus pour l'exercice financier 2015-2016. Le premier surplus en sept ans pourrait être de 4,9 milliards si le coussin financier de trois milliards pour parer aux imprévus n'est pas utilisé.

Séduire les électeurs

Les partis de l'opposition ont affirmé que certaines des mesures avaient déjà été annoncées et que le premier ministre s'est livré à une mise en scène pour séduire les électeurs.

«Les conservateurs ne font pas du recyclage pour l'environnement, mais ils semblent qu'ils font du recyclage de budget», a lancé la néo-démocrate Marjolaine Boutin-Sweet.

Le leader adjoint du Parti libéral, Ralph Goodale, a aussi mis en doute la comptabilité des conservateurs, se disant convaincu que le gouvernement Harper a cédé aux pressions de Justin Trudeau, qui réclame de nouveaux investissements en infrastructures.