La whip néo-démocrate Nycole Turmel est «convaincue» que les allégations de harcèlement formulées par deux députées néo-démocrates ouvriront la voie à de nouvelles dénonciations sur la colline du Parlement.

«Je ne me gêne pas pour le dire: je suis convaincue qu'on va avoir d'autres situations ou d'autres cas semblables qui vont sortir», a soutenu Mme Turmel en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

La fusillade survenue le 22 octobre dernier à Ottawa a «remué bien des émotions», a exposé la députée de Hull-Aylmer mercredi soir.

L'élue a précisé que ce type de situation était loin d'être nouveau au parlement et que bon nombre de personnes qui gravitent dans l'univers de la politique fédérale en sont fort conscients.

Mais dénoncer une personne en position de pouvoir comme un politicien n'est jamais chose facile, a-t-elle indiqué, même si l'on pourrait croire que dans la foulée du scandale impliquant l'animateur de CBC Jian Gomeshi, les victimes de harcèlement auront moins peur de sortir de l'ombre.

Mme Turmel n'a pas voulu discuter des cas particuliers des deux présumées victimes du caucus néo-démocrate, ni du moment où son parti a été mis au courant de la situation.

Déjà, quelques heures après l'éclatement de ce scandale, un ancien employé et commentateur politique qui a oeuvré sur la colline du Parlement entre 2002 et 2008 est sorti de l'ombre.

Ian Capstick a confié au réseau CBC qu'il s'était fait harceler sexuellement par deux députés, dont il n'a pas révélé l'identité, disant vouloir consulter sa famille avant de prendre une décision à ce chapitre.

Il a abondé dans le même sens que Mme Turmel, affirmant que cela fait «très longtemps» que des gens sont «victimes de harcèlement sexuel» sur la colline.

Les allégations de harcèlement formulées par deux députées du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont mené à la suspension de deux députés libéraux.

Le chef libéral Justin Trudeau a annoncé mercredi l'expulsion de Massimo Pacetti et Scott Andrews, invoquant le devoir de protéger les victimes et le besoin de leur donner «le bénéfice du doute».

En conférence de presse, mercredi midi, M. Trudeau a refusé de préciser la nature des gestes qui auraient été posés, se contentant de parler de «fautes personnelles» et d'allégations «des plus sérieuses».

MM Pacetti et Andrews ont soutenu mercredi soir dans des déclarations distinctes n'avoir rien à se reprocher.

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a pour sa part employé le mot «harcèlement» pour décrire les comportements à l'origine des dénonciations.

Mercredi, en Chambre, il a symboliquement cédé ses questions à ses deux chefs adjointes, Megan Leslie et Libby Davies.

Les jeunes députées encadrées

La whip du NPD a assuré mercredi soir que les jeunes députées de son parti avaient été encadrées adéquatement au chapitre de la prévention du harcèlement.

Il existe en outre une politique à cet égard au caucus, a fait valoir Mme Turmel.

Mais les cas qui ont éclaté au grand jour mercredi ont ceci de particulier qu'ils sont survenus non pas entre un patron et un employé, mais bien entre deux députés.

La whip du Parti libéral, Judy Foote, a écrit mercredi une lettre au président de la Chambre des communes, Andrew Scheer, pour lui demander de mettre en place une procédure «afin d'avoir recours à une tierce partie neutre qui aura la confiance de tous».

Car il ne devrait pas être du ressort des whips des formations politiques de traiter ce type de dossier - cela serait ni «possible», ni «approprié», a fait valoir Mme Foote dans sa missive datée du 5 novembre.

Le bureau de M. Scheer a réagi par voie de communiqué et signalé que le président prenait la question «très au sérieux».

Il a demandé à l'Administration de la Chambre de mettre «toutes les ressources internes à la disposition des personnes concernées» et a aussi demandé «que le Bureau de régie interne examine la question dès que cela sera possible», peut-on lire dans la déclaration.