Le gouvernement fédéral a lancé une campagne publique afin de s'assurer que les Canadiens utilisent les drones de façon sécuritaire. Des documents révèlent cependant que plusieurs personnes désirant piloter ces aéronefs téléguidés populaires devront s'armer de patience avant d'obtenir un permis.

La ministre des Transports Lisa Raitt a donné le coup d'envoi à la campagne à Toronto, rappelant aux pilotes les restrictions juridiques sur l'usage des drones, comme de les maintenir au moins à huit kilomètres des aéroports et au plus à 90 mètres du sol.

«Je l'explique à mes enfants de cette façon: c'est lourd, ce sera haut dans le ciel - ça devient dangereux si ça tombe et frappe quelqu'un sur la tête. Alors la sécurité est vraiment importante, c'est aussi simple que ça», a-t-elle expliqué aux journalistes dans un commerce du centre-ville, flanquée d'une paire de drones blancs et étincelant.

La campagne de sécurité - qui inclut un guide Internet et prévoit des publicités en ligne ainsi que sur les réseaux sociaux - souligne également que les pilotes de drones et ceux qui commandent des aéronefs pesant plus que 35 kilogrammes au décollage doivent obtenir un certificat spécial de Transport Canada avant de passer à l'action. S'ils pilotent sans permis, les fautifs peuvent recevoir une amendant allant jusqu'à 25 000 $.

Cependant, plusieurs pilotes désirant obtenir le certificat doivent garder leur aéronef cloué au sol, certaines fois plusieurs mois, avant d'obtenir une approbation. Et ils sont obligés d'envoyer aux autorités énormément de paperasse, selon des documents internes.

Des instructions, obtenues par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, révèlent que même si Transport Canada a pour objectif d'accorder les permis à l'intérieur de 20 jours ouvrables, certain bureaucrates peuvent prendre jusqu'à quatre mois avant d'y parvenir.

«Transport Canada fait face à une croissance constante des demandes de certificats, ce qui fait qu'il est difficile de répondre rapidement», peut-on lire dans la note de service envoyée à la ministre Raitt plus tôt cette année. En 2013, le régulateur avait émis 945 certificats - une hausse de 500 pour cent par rapport à 2011.

Notant que la plupart des bureaux du régulateur ne peuvent respecter l'objectif de 20 jours, «les délais de traitement peuvent être significativement plus longs si le candidat omet de fournir l'information requise (ce qui arrive souvent), ou s'il s'agit d'opérations complexes de drones».

Dans certains cas, les candidats doivent fournir une tonne de documents, parfois «jusqu'à 85 pages de sommaires techniques et 1900 pages de matériel de référence».

Mme Raitt a indiqué que les fonctionnaires faisaient de leur mieux pour travailler rapidement. «Le principal sera de démêler et d'alléger le processus de demande».

Lorsque questionnée à savoir quelles mesures avaient été apportées pour accélérer le processus, la ministre a seulement répondu que les demandeurs de permis devraient la contacter ou contacter leur député.

«Je pense qu'ils doivent absolument nous prévenir qu'ils ont des inquiétudes», a-t-elle dit.

Autrefois limité à l'utilisation militaire, les drones peuvent être achetés au coût de quelques centaines de dollars pour une utilisation personnelle. Le prix peut atteindre les 200 000 $ pour une utilisation commerciale. Ils peuvent être dirigés par télécommandes, semblables à celles utilisées pour les jeux vidéo, ou à l'aide de tablettes informatiques ou d'un iPhone.

Plusieurs personnes utilisent des drones pour une multitude de raisons: des simples amateurs, agriculteurs scrutant leurs récoltes ou réalisateurs de films qui désirant une prise de vue aérienne.

Le gouvernement réglemente l'utilisation de drones depuis 1996, mais il tente de s'adapter à l'évolution rapide de ces appareils. Toutefois, des documents indiquent que cette adaptation pourrait ne pas être terminée avant 2017.