Le Canada doit rester vigilant devant la menace terroriste très réelle qui pèse sur ses citoyens, mais les Canadiens ne devraient pas s'en alarmer outre mesure et continuer à mener une vie normale.

Voilà le message livré hier par le chef des services de renseignements canadiens, le commissaire de la GRC et le ministre fédéral de la Sécurité publique, lors du témoignage qu'ils ont livré devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes.

Cette réunion du comité a eu lieu au lendemain du vote pour la participation du Canada à une mission de combat en Irak, alors que le gouvernement Harper s'apprête à proposer de nouvelles mesures pour permettre aux agences policières et de renseignement de lutter contre le terrorisme.

«La menace est réelle, a déclaré le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), Michel Coulombe. Nous ne voulons pas être alarmistes, nous disons aux gens de mener leur vie normale, mais nous devons être vigilants.»

M. Coulombe a précisé que «nous n'avons pas d'information qui indique une attaque imminente», mais il a néanmoins qualifié la menace d'«immédiate».

Des djihadistes de retour au pays

Cette menace provient entre autres des quelque 80 personnes qui sont de retour au Canada après s'être liées à des activités terroristes à l'étranger, ont expliqué les témoins, ou des 130 Canadiens qui sont encore à l'étranger pour se livrer à de telles activités.

Le commissaire de la GRC, Bob Paulson, a révélé que 63 enquêtes étaient actives au sein de son service au sujet de 90 personnes qui se trouvent actuellement au Canada et qui ont soit voyagé à l'étranger ou qui souhaitent le faire.

La nature et le lieu de ces activités liées au terrorisme sont nombreux et variés, a insisté Michel Coulombe, et elles peuvent aller du financement au Maghreb à l'entraînement au Moyen-Orient. «Je ne veux pas que les gens croient que nous avons 80 personnes qui sont revenues au Canada et qui étaient des combattants endurcis en Irak et en Syrie, a-t-il lancé. Parce que ce n'est pas la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement - bien que nous en ayons quelques-uns.»

Le directeur du SCRS a reconnu que les chiffres 80 et 130 pourraient sous-estimer le nombre réel de gens qui se trouvent dans cette situation, mais «c'est un chiffre ferme et, oui, nous savons où ils se trouvent», a-t-il affirmé.

«Ces dangereux individus [...] posent une menace sérieuse aux Canadiens respectueux des lois, a quant à lui déclaré le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney. Je peux confirmer aux Canadiens qu'au moment où on se parle, la GRC enquête sur ces individus et cherchera à les mettre derrière les barreaux.»

M. Blaney a réitéré l'intention de son gouvernement d'annoncer prochainement de nouvelles «mesures concrètes qui vont faire en sorte qu'on puisse donner à nos agences de sécurité nationale les moyens de nous protéger».

Il y a quelques semaines, Ottawa a confirmé son intention de révoquer les passeports de Canadiens qui souhaitent se rendre à l'étranger pour se livrer à ces activités liées au terrorisme. Certains jugent que cette mesure risque d'être appliquée de manière abusive et arbitraire.

Conversations sur des attaques potentielles au Canada

La sortie des hauts dirigeants de la sécurité publique survient le jour où le réseau américain NBC a rapporté que les services de renseignements canadiens ont écouté des conversations entre de potentiels terroristes inspirés par le groupe État islamique qui discutaient d'attaques potentielles au Canada.

Ces attaques devaient être menées à l'aide de couteaux et d'armes à feu contre des Canadiens et des Américains. Les sources de NBC émanent des services de renseignements des États-Unis et peu de détails ont été fournis, excepté pour dire que les plans n'étaient qu'au stade des « intentions ». « Même si je ne peux pas commenter les questions opérationnelles de sécurité nationale, je peux dire que les agences de sécurité évaluent constamment la menace terroriste et agissent pour protéger les Canadiens », a déclaré Jean-Christophe Delerue, directeur des communications du ministre canadien de la Sécurité publique. On ignore si des individus ont été appréhendés dans ce dossier.