Le Canada n'améliorera pas le sort des centaines de milliers de réfugiés de l'Irak et de la Syrie qui ont échappé aux griffes du groupe armé État islamique en s'engageant dans une mission de bombardement en Irak, estime le chef du NPD, Thomas Mulcair.

Alors que le gouvernement Harper propose que des soldats des Forces canadiennes participent aux frappes aériennes de la coalition internationale contre des cibles de l'EI en Irak, M. Mulcair a soutenu lundi aux Communes que le Canada devrait plutôt mettre l'accent sur l'aide humanitaire aux réfugiés.

En tout, le Canada compte déployer six avions de chasse CF-18, deux avions de surveillance et de reconnaissance et un avion de ravitaillement en vol ainsi que 600 membres des Forces canadiennes dans le cadre de cette mission de combat. Une équipe de reconnaissance est déjà en route pour cette région afin de préparer le début de la mission de six mois.

Une motion autorisant une telle mission est présentement débattue à la Chambre des communes. Les députés doivent voter sur la motion en soirée lundi ou mardi.

Citant plusieurs experts qui ont affirmé que le recours aux frappes aériennes par les pays alliés risque d'exacerber la situation, M. Mulcair a déclaré que « la tragédie en Irak et en Syrie ne cessera pas avec une autre invasion occidentale de cette région. Elle cessera lorsqu'on aidera les gens de l'Irak et de la Syrie à bâtir des institutions politiques et des forces de sécurités qu'ils ont besoin pour contrer eux-mêmes ces menaces », a-t-il dit.

M. Mulcair a ensuite déposé un amendement à la motion du gouvernement Harper. Le NPD propose que le Canada participe à la lutte contre l'EI, mais en continuant de transporter des armes aux forces irakiennes qui tentent de repousser l'offensive des membres de l'EI dans le nord de l'Irak. Cette mission serait d'une durée de trois mois. La motion invite aussi le gouvernement à renforcer les activités d'aide humanitaire « dans les zones où elle pourra avoir un impact immédiat et sauver des vies ». Elle demande aussi au gouvernement de ne pas déployer des troupes canadiennes dans les missions de combat.

Plus tôt en journée, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a lancé le débat la participation du Canada aux frappes aériennes en affirmant que cette mission est plus que nécessaire pour mettre fin aux atrocités commises par le groupe armé État islamique (EI).

M. Baird a aussi imploré les partis de l'opposition à prendre acte de la volonté de la communauté internationale de protéger les femmes, les minorités et les civils en Irak qui sont soumis à des actes de barbarie de la part des djihadistes de l'EI. Il a soutenu que le Canada a le devoir moral de combattre cette organisation terroriste d'autant plus qu'elle pourrait un jour commettre des attentats en sol canadien, comme elle l'a déjà menacé de le faire.

Le chef de la diplomatie canadienne a tendu une perche aux libéraux de Justin Trudeau pour qu'ils reviennent sur leur décision de s'opposer à cette mission de combat.

«Le député de Papineau (Justin Trudeau) aime discuter avec sérieux de la manière dont le Canada doit faire les choses. Durant toute son histoire, mon Canada a fait sa part pour défendre ses idéaux et ses valeurs qui ont fait de ce pays l'envie du monde. Mon Canada répond à l'appel. Mon Canada protège les vulnérables. Il affronte l'agresseur. Mon Canada ne laisse pas aux autres la tâche de faire tout le travail. Nous prenons nos outils et nous faisons ce que nous avons à faire. Il y avait un temps où le Parti libéral croyait cela aussi », a lancé le ministre Baird, jetant un regard du côté des libéraux.           

Le ministre a profité du débat pour annoncer une nouvelle aide humanitaire de 10 millions de dollars afin de fournir des services et des traitements à des réfugiées irakiennes et syriennes qui ont été victimes de sévices sexuels. M. Baird a aussi fait savoir que le Canada s'alliera à la Grande-Bretagne pour étudier d'autres mesures qui pourraient être prises pour venir en aide aux victimes du groupe armé EI.

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a annoncé vendredi qu'il s'oppose à cette nouvelle mission de combat. Il n'a pas prononcé de discours lundi, laissant le soin au député libéral Marc Garneau d'expliquer à nouveau pourquoi le Parti libéral n'appuie pas la démarche du gouvernement.

À l'instar du NPD, le PLC souhaite que le Canada mette davantage l'accent sur l'aide humanitaire. « Il y a d'autres options que les deux extrêmes : l'extrême qui ne veut aucun rôle militaire et celui qui veut que le Canada se précipite la tête première dans le combat sans avoir compris toutes les conséquences », a-t-il dit.

En fin de semaine, deux ministres du gouvernement Harper, le ministre Baird et le ministre de la Défense, Rob Nicholson, n'ont pas écarté l'idée que le Canada prolonge cette mission de combat après six mois.

Le premier ministre Stephen Harper a annoncé les détails de la mission vendredi dernier à la Chambre des communes.