C'est à Stephen Harper que revient la responsabilité de convaincre les Canadiens et les partis de l'opposition de la nécessité d'une mission de combat en Irak, et il a jusqu'ici échoué lamentablement, affirme le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau.

Lors d'un discours prononcé à Ottawa, M. Trudeau a précisé qu'il penchait davantage vers une aide humanitaire que militaire, comme l'envoi d'avions de chasse CF-18, pour aider la région aux prises avec le groupe État islamique (EI).

« Je ne suis pas convaincu que c'est la meilleure façon d'aider, a déclaré le chef libéral. Et c'est au premier ministre de me, de nous, les Canadiens, convaincre que c'est la meilleure façon. »

Il n'a pas totalement fermé la porte à la possibilité que son parti appuie la participation du Canada à des frappes aériennes aux côtés de pays comme les États-Unis. Mais il a invité le premier ministre à convaincre les Canadiens du bien-fondé de l'approche militaire, si c'est celle qu'il choisit.

« M. Harper veut aller en guerre? Il doit nous dire pourquoi. C'est à lui que revient le fardeau de la preuve », a-t-il déclaré dans le cadre d'une conférence de l'organisme Canada 2020.

Le premier ministre Harper doit annoncer sa position vendredi. Le chef libéral l'a accusé d'avoir agi de manière opaque et partisane depuis une semaine, plutôt que de faire preuve d'ouverture et de transparence avec ses adversaires et la population au moment de prendre une décision aussi importante.

Il l'accuse aussi de négliger la piste humanitaire au profit de l'option militaire, pour faire croire aux Canadiens « que la seule contribution possible du Canada est d'envoyer des avions de chasse en Irak ».

« Pourquoi ne parlons-nous pas davantage du genre d'aide humanitaire dans laquelle le Canada peut et doit s'engager, plutôt que de sortir un CF-18 et de montrer à quel point il est gros! » a-t-il ajouté.

Cette dernière salve a provoqué l'ire du bureau du premier ministre. « M. Trudeau a manqué de respect envers les Forces armées canadiennes et a banalisé un grave problème », s'est insurgé Jason MacDonald, directeur des communications de M. Harper.

« Notre participation à la lutte contre l'EI est depuis toujours motivée par notre désir de contrer un groupe qui a proféré des menaces terroristes directes contre le Canada et les Canadiens et qui commet des atrocités contre des enfants, des femmes et des hommes dans la région. Comme le premier ministre l'a dit, nous prenons cette situation très au sérieux, et nous ferons notre part. »

Ce besoin pour le Canada de « faire sa part », martelé par les troupes conservatrices depuis plusieurs jours, a fait dire au chef du NPD Thomas Mulcair que le débat qui se tiendrait au parlement serait purement factice, puisque le gouvernement a déjà pris sa décision.

« Il n'y a aucun doute que M. Harper a déjà pris sa décision, donc n'importe quelle consultation à ce stade-ci sera, franchement, bidon », a-t-il déclaré sur les ondes de CBC.  

Justin Trudeau a précisé que les facteurs qui détermineront le vote des libéraux pour ou contre une mission de combat incluront la clarté de cette mission et la clarté du rôle que pourrait jouer le Canada.

« Un premier ministre qui veut envoyer nos soldats en guerre doit rencontrer les plus hauts standards d'honnêteté et d'ouverture. Jusqu'à présent, M. Harper a failli lamentablement », a-t-il renchéri.