Le premier ministre Stephen Harper se défend d'avoir induit les Canadiens en erreur au sujet la contribution canadienne aux efforts de la communauté internationale visant à éliminer le groupe armé État islamique.

Alors que trois autres pays - le Royaume-Uni, le Danemark et la Belgique - acceptaient vendredi de rejoindre les rangs de la coalition menée par les États-Unis pour contrer la menace que représentent les djihadistes, M. Harper a fait valoir que le Canada ne peut se cantonner dans le rôle de spectateur.

Il a indiqué que son gouvernement déciderait d'ici quelques jours s'il augmentait sa contribution militaire en Irak. Radio-Canada rapporterait jeudi soir que le cabinet jongle avec l'idée d'envoyer les avions de chasse CF-18 participer aux frappes aériennes. Une décision serait prise au plus tard mardi prochain.

De passage à New York, mercredi, M. Harper a affirmé dans une séance de questions/réponses en compagnie du rédacteur en chef du Wall Street Journal que les États-Unis avaient demandé au Canada des efforts supplémentaires, sans préciser lesquels, afin de mener à bien la mission militaire.

Mais le Pentagone américain a contredit la version du premier ministre jeudi en affirmant que c'est le Canada qui a demandé à l'administration Obama plus d'informations sur ce qu'il pouvait faire pour soutenir l'opération militaire en Irak.

Interrogé ce midi au sujet de ces deux versions contradictoires, M. Harper a minimisé l'affaire en soutenant que le président des États-Unis Barack Obama a entrepris il y a plusieurs semaines d'assembler une coalition internationale pour annihiler l'EI. Des échanges et des discussions ont lieu entre Ottawa et Washington depuis lors.

« Je trouve cela bizarre que l'on puisse sérieusement suggérer que le Canada est en train d'entraîner les États-Unis dans un conflit militaire. Soyons sérieux. Tout cela fait partie domaine public. Le président Obama a indiqué cet été qu'il lancerait une opération contre la menace de l'EI et qu'il en discuterait avec un large éventail de partenaires pour former une coalition », a affirmé M. Harper.

Le premier ministre a ensuite fait un long plaidoyer en faveur d'une participation canadienne à la coalition internationale.

« Je ne veux pas laisser l'impression une seule seconde qu'en répondant à une demande des Américains, que nous faisons cela avec réticence. Nous allons examiner les demandes qui seront faites, quelle qu'elles soient, et nous allons évidemment prendre nos propres décisions en fonction de nos capacités. Mais ceci dit, il n'y aucune réticence de notre part. La situation dans cette région est une menace directe à la sécurité de notre pays. Les gens de notre pays ne devraient se bercer d'aucune illusion. Ces gens sont extrêmement dangereux qui vont tenter de commettre des attentats contre des cibles à travers le monde, incluant notre pays. Il faut contrer cette menace. [...] En tant que premier ministre, quand on dit que l'on doit faire quelque chose, nous allons faire notre part. Nous n'allons pas rester dans les estrades et regarder la parade. Nous allons faire notre part, comme nous l'avons toujours fait », a-t-il dit.            

Les partis de l'opposition, le NPD en tête, reprochent au premier ministre de garder les Canadiens dans l'ignorance quant à ses intentions en Irak. À l'heure actuelle, le Canada compte 69 soldats en Irak dont le rôle est de conseiller les troupes irakiennes sur les mesures à prendre pour contrer l'EI. La mission de 30 jours de ces soldats doit prendre fin le 5 octobre. Mais tout indique que le gouvernement Harper augmentera la contribution canadienne.

Le NPD réclame la tenue d'un débat et d'un vote au Parlement avant de prolonger la mission canadienne.

À Londres, le premier ministre britannique David Cameron a affirmé que l'intervention du Royaume-Uni en Irak pourrait durer des années.

«Cela va être une mission qui ne va pas prendre des mois, mais des années, mais je pense que nous devons nous préparer pour cet engagement», a dit M. Cameron devant la Chambre des Communes, rappelée en session extraordinaire pour entériner l'entrée de son pays au sein de la coalition.