À sa première présence à la tribune des Nations unies depuis 2010, Stephen Harper a à peine effleuré hier soir les sujets les plus combustibles de l'actualité, dont la menace de l'organisation État islamique et le dossier de l'Ukraine, choisissant plutôt d'axer son discours sur l'effort du Canada pour améliorer la santé maternelle et infantile dans les pays en développement.

Prenant la parole devant l'Assemblée générale de l'ONU au lendemain de l'appel fervent de Barack Obama à éradiquer le groupe djihadiste ultraradical, le premier ministre canadien a certes assuré qu'il était «toujours prêt et désireux de joindre d'autres peuples civilisés, et de relever les affronts à l'ordre international, les affronts à la dignité humaine elle-même, comme ceux présents aujourd'hui en Ukraine, en Irak, au Moyen-Orient et dans plusieurs parties de l'Afrique».

Il a aussi dénoncé «les idéologies perverses, l'extrémisme religieux, la soif du pouvoir et le pillage qui privent les gens de tant d'endroits de la propriété, de l'espoir et de la vie elle-même».

Aucune décision sur la contribution militaire

Mais Stephen Harper n'est pas revenu sur la demande qu'auraient adressée les États-Unis au Canada pour une contribution militaire supplémentaire dans le combat contre les djihadistes du groupe EI, qui sèment la terreur en Irak et en Syrie. Également présent à New York, le ministre des Affaires étrangères canadien, John Baird, a affirmé de son côté que la décision n'avait pas été prise sur un rôle militaire accru au Moyen-Orient.

«Les Canadiens s'attendent à ce que nous examinions la demande et procédions à des consultations avant de prendre une décision», a-t-il déclaré lors d'un point de presse, tout en reconnaissant que le déploiement éventuel d'avions CF-18 en Irak ou en Syrie représenterait une mission de combat nécessitant l'appui du Parlement canadien.

Stephen Harper s'adressait à l'Assemblée générale de l'ONU pour la première fois depuis l'échec humiliant de la candidature du Canada pour l'obtention d'un siège temporaire au Conseil de sécurité. Quelques heures plus tôt, il avait coprésidé une réunion au cours de laquelle il avait annoncé la décision de son gouvernement de verser 200 millions de dollars dans un nouveau fonds international destiné à prévenir la mortalité des mères et des nouveau-nés dans le monde.

Cette somme sera puisée dans l'enveloppe de 3,5 milliards qu'il avait annoncée en mai dans le cadre de son initiative en santé maternelle, néonatale et infantile, priorité de sa politique étrangère.

«Sauver les vies d'enfants et de mères est un combat que nous pouvons remporter», a déclaré Stephen Harper au cours d'un discours d'une quinzaine de minutes prononcé devant un auditoire clairsemé, mais réceptif.

Les États-Unis et la Norvège ont également promis hier de participer au financement de ce nouveau fonds de 4 milliards de dollars qui sera géré par la Banque mondiale. L'effort s'inscrit dans le programme Chaque femme, chaque enfant, créé en 2010 par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, et dont l'objectif est de sauver les vies de 16 millions de femmes et d'enfants d'ici la fin de 2015.

«Nous invitons d'autres pays à faire de même, parce que pour offrir des solutions viables afin d'empêcher la mort tragique de femmes et d'enfants, il faut augmenter les affectations budgétaires, tant de la part des donateurs que des pays en développement», a déclaré Stephen Harper.

Lutte contre l'Ebola

Plus tôt dans la journée, le ministre du Développement international, Christian Paradis, avait annoncé que le Canada verserait une aide supplémentaire de 30 millions pour la lutte contre le virus Ebola en Afrique. Cette somme sera remise à la Société canadienne de la Croix-Rouge et à d'autres partenaires humanitaires.

Le ministre avait par ailleurs critiqué la façon dont la communauté internationale gérait la lutte contre l'épidémie.

«Le Canada continue d'être très préoccupé par la coordination inadéquate des efforts actuellement entrepris, a-t-il déclaré lors d'un point de presse à l'ONU. Le rôle de l'ONU et des autres agences de première ligne comme les forces militaires et les ONG doit être précisé.»