Le président de la Chambre des communes, Andrew Scheer, a rappelé Thomas Mulcair à l'ordre, mercredi, mais refusé d'intervenir pour forcer le gouvernement à répondre aux questions de l'opposition durant la période de questions.

Le chef du NPD a sévèrement critiqué le président, mardi, après que le secrétaire parlementaire du premier ministre Stephen Harper eut répondu à une question sur la mission canadienne en Irak par une attaque contre les troupes néo-démocrates au sujet de leur appui à Israël.  

« Monsieur le Président, il y a des règles dans le livre au sujet de la période de questions, a tonné M. Mulcair. Vous êtes l'arbitre. Nous vous demandons de faire respecter ces règles sur la pertinence de la période de questions. »

Après avoir reçu une autre réponse sur Israël à une question sur l'Irak sans que le président intervienne, M. Mulcair a lancé : « Monsieur le Président, ça ne dit rien de bon sur votre neutralité dans cette Chambre ».

Andrew Scheer est un député conservateur de la Saskatchewan. Geste inhabituel, il a pris la parole avant la période de questions mercredi pour donner suite à cette prise de bec. Il a commencé par réaffirmer sa neutralité et son impartialité. « Le Président n'est le servant d'aucune partie ou majorité de la Chambre, mais de l'ensemble de son institution », a-t-il déclaré.

Il a ensuite rappelé que « le Président n'a pas d'autorité sur le contenu des réponses données par un ministre ou un secrétaire parlementaire sur une question posée durant la période de questions ».

Il a souligné que cette problématique avait déjà été soulevée, et qu'il avait alors invité les députés à adopter de nouvelles règles s'ils le souhaitaient. « Mais la Chambre n'a pas cru bon de changer nos pratiques », a-t-il indiqué.

M. Scheer a conclu son allocution par un rappel à l'ordre à tous les partis : « Inutile de dire que les expressions et le langage douteux que nous avons entendu hier ne font rien pour aider le président à gérer la période de questions, et j'exhorte tous les membres à être judicieux dans les expressions qu'ils choisissent ».

Il y a ajouté une mise en garde au chef néo-démocrate : « Des réflexions passées sur la personne ou les actions du Président - des allégations de parti pris par exemple - pourraient être considérées par la Chambre comme une atteinte au privilège [parlementaire] et punies en conséquence ».

Il n'a pas précisé le type de sanction qui pourrait s'appliquer.

Thomas Mulcair a paru réjoui de cette intervention en sortant de la Chambre des communes. « M. Scheer admet que les termes utilisés hier par M. Calandra étaient totalement de mauvais goût, inacceptables et antiparlementaires. Donc je suis rassuré de l'entendre dire ça »,  a-t-il dit.

« Je pense qu'en mettant un cercle autour de la tache, les gens ont réalisé que peut-être c'était la fin de la récréation pour ce genre de bêtise de la part des conservateurs », a-t-il ajouté.

Les questions posées par M. Mulcair mardi visaient à confirmer la date exacte de la fin de l'engagement militaire de 30 jours du Canada en Irak.

Le secrétaire parlementaire Paul Calandra a répondu en parlant plutôt d'un chargé de financement au NPD qui aurait qualifié les actions de l'Armée de défense d'Israël de « putain de génocide ». « Est-ce qu'Alex Anderson parle pour le NPD lorsqu'il dit ces choses honteuses? » a demandé M. Calandra.

M. Mulcair a ridiculisé sa réponse avant de s'impatienter : « Je peux comprendre la confusion, a-t-il dit. Nous sommes au Moyen-Orient et nous sommes dans les "i". Mais nous parlons de l'Irak! »

Il est revenu à la charge mercredi avec les mêmes questions et a finalement obtenu certaines réponses : le déploiement canadien a bel et bien commencé officiellement le 5 septembre et une réévaluation de la mission sera menée 30 jours après cette date. Il n'a pu cependant apprendre combien des 69 militaires assignés à cette mission - qui ne doit pas être une mission de combat - sont arrivés à destination.

Photo Sean Kilpatrick, Archives PC

Andrew Scheer, président de la Chambre