Même si la participation canadienne aux efforts menés par les États-Unis pour éliminer les djihadistes de l'État islamique (EI) demeure modeste, les partis de l'opposition craignent que le Canada s'engage sur une pente glissante.

Le premier ministre Stephen Harper a confirmé mardi qu'en tout, 69 soldats canadiens seront déployés en Irak afin de conseiller les troupes irakiennes sur les mesures à prendre pour contrer la menace que représente l'EI.

M. Harper a précisé l'ampleur du déploiement des troupes canadiennes en réponse à une question du chef du NPD, Thomas Mulcair, quelques heures avant la tenue d'un débat d'urgence sur la participation du Canada à cette délicate mission.

Le gouvernement Harper soutient depuis plusieurs jours que ces soldats ne participeront pas à une mission de combat. Leur mission, maintient le premier ministre, est d'offrir des conseils stratégiques aux généraux de l'armée irakienne.

À Washington, mardi, le secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, a indiqué durant les audiences d'un comité du Sénat que les 600 conseillers militaires déployés par les États-Unis en Irak pourraient être envoyés au front avec les forces irakiennes si cela est nécessaire pour mener à bien l'offensive contre l'EI.

«Si nous en arrivons au point où j'estime que nos conseillers doivent accompagner les troupes irakiennes dans leur offensive contre des cibles de l'État islamique, c'est ce que je recommanderai au président», a-t-il déclaré.

Craignant que cette mission ne soit le début d'une longue présence canadienne en Irak, le NPD réclame que le déploiement des soldats canadiens fasse l'objet d'un vote aux Communes.

«Après une décennie de guerre en Irak et en Afghanistan, les Canadiens s'attendent à ce que leurs dirigeants traitent tout déploiement militaire potentiel avec prudence et transparence. Bon nombre de citoyens se souviennent qu'en 2003, alors qu'il était chef de l'opposition, M. Harper avait souhaité que le Canada participe à l'intervention américaine en Irak», a affirmé le chef du NPD, Thomas Mulcair.

«Il est particulièrement préoccupant que le gouvernement soit incapable de présenter clairement les objectifs, la stratégie, les coûts et l'échéancier de cette mission. Un tel flou de la part des libéraux avait mené à près d'une décennie de dérive en Afghanistan», a-t-il ajouté.

Pour sa part, le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a dit craindre que la mission des soldats canadiens dépasse la durée de 30 jours annoncée par le gouvernement Harper.

«Je pense que c'est raisonnable de dire que ça durerait peut-être plus que 30 jours. C'est pour ça qu'on est très, très inquiets et on veut vraiment avoir un débat», a-t-il dit.

Par ailleurs, le Canada a décidé d'imposer de nouvelles sanctions économiques contre le régime de Vladimir Poutine, même si le cessez-le-feu semble être respecté par l'armée ukrainienne et les rebelles prorusses.

Convaincu que l'isolement de Moscou commence à porter ses fruits, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a annoncé ces nouvelles sanctions mardi, moins de 24 heures avant que le président de l'Ukraine, Petro Porochenko, prononce un discours devant le Parlement.

Le chef de la diplomatie canadienne a aussi annoncé qu'environ 300 Canadiens se rendront en Ukraine afin d'observer le déroulement des élections législatives du 26 octobre. Une douzaine de parlementaires feront partie de cette mission d'observation.

«Malgré les efforts du président Porochenko de mettre un terme à la violence dans l'est de l'Ukraine, l'agression militaire du régime Poutine se poursuit», a affirmé M. Baird en point de presse, rappelant que le Canada ne reconnaîtra jamais l'annexion de la Crimée par la Russie.

Le Canada a donc annoncé le gel des avoirs de quatre hauts dirigeants de l'armée russe, qui seront aussi frappés d'un interdit de séjour au Canada. Des sanctions économiques sont aussi imposées contre des fabricants d'armes russes et une institution financière.

«Nous constatons que les sanctions imposées de concert avec nos alliés portent un dur coup à l'économie russe. Le Canada est résolu à accentuer ses actions avec ses alliés et partenaires afin de forcer le régime Poutine à rendre des comptes», a affirmé M. Baird.