Le Canada va prendre acte du résultat du référendum écossais qui aura lieu la semaine prochaine, mais il ne s'empressera pas de reconnaître l'indépendance de l'Écosse advenant une victoire du Oui.

Des sources gouvernementales ont confirmé à La Presse qu'il faudrait attendre le dénouement des négociations entre Édimbourg et Londres avant que le Canada - et la majorité de la communauté internationale - ne reconnaisse que l'Écosse fait partie du concert des nations.

Ces négociations pourraient d'ailleurs durer quelque temps - jusqu'à 18 mois - , selon le cadre établi d'un commun accord par les gouvernements de la Grande-Bretagne et de l'Écosse.

«Il n'y aura pas de reconnaissance immédiate de l'indépendance de l'Écosse advenant un Oui. Il y a bien des choses qui doivent se produire avant qu'on en arrive là», a expliqué une source gouvernementale qui a requis l'anonymat.

Les diplomates en poste à Londres seront les yeux et les oreilles du Canada durant la journée du vote. Avec l'accord du gouvernement britannique, le Haut-commissariat du Canada au Royaume-Uni enverra des représentants à Édimbourg jeudi, pour observer le déroulement du référendum, a-t-on indiqué au ministère canadien des Affaires étrangères.

Le gouvernement Harper n'a pas mandaté de délégation de parlementaires pour assister à cet exercice démocratique. Élections Canada ne prévoit pas non plus envoyer de représentant.

Les yeux tournés vers l'Écosse

Chose certaine, de nombreux fédéralistes, souverainistes et experts constitutionnels québécois et canadiens ont les yeux rivés sur l'Écosse depuis plusieurs semaines afin de tirer des leçons qui pourraient servir dans l'éventualité d'un troisième référendum québécois.

Ils sont nombreux à souligner que la clarté de la question posée aux électeurs rend les enjeux on ne peut plus limpides.

«Ça fait presque deux ans qu'Édimbourg et Westminster se sont entendus sur le processus. C'est l'une des choses, lorsqu'on fait une comparaison avec le Canada, qui est très différente et de laquelle on pourrait s'inspirer», estime Stéphane Beaulac, un professeur de droit constitutionnel à l'Université de Montréal qui s'est rendu en Écosse.

Une campagne positive

Deux adversaires sur le sujet de la souveraineté du Québec, Daniel Turp et Stéphane Dion, ont suivi avec attention les développements des derniers mois.

M. Turp doit lui aussi se rendre sur place pour être témoin de l'événement. Parmi les leçons à tirer de l'exemple écossais, il retient «la nature très, très positive de la campagne», a-t-il dit. «Une campagne pour séduire un électorat devrait être une campagne positive. Surtout quand il s'agit d'indépendance: on ne fait pas ça contre les autres. On fait cela pour soi, pour accueillir plus de liberté», croit l'ancien député du Parti québécois.

Stéphane Dion juge qu'il est encore trop tôt pour faire le bilan de la campagne référendaire, mais il estime que le camp du Non au Royaume-Uni a peut-être trop laissé au Oui le monopole du thème de la fierté nationale. C'est ce même thème qu'avait martelé Lucien Bouchard lors du référendum québécois de 1995, a souligné le député libéral fédéral. «Pour gagner ce genre de campagne, il ne faut pas laisser aux nationalistes le monopole de la fierté. C'est ça qui est le plus essentiel», a-t-il lancé.