Le Canada continuera à épauler la population irakienne et ne laissera pas le champ libre aux insurgés de l'État islamique (EI), a promis mercredi le ministre des Affaires étrangères John Baird lors d'une visite surprise à Bagdad.

Le ministre Baird a rencontré le président irakien Fouad Masoum et lui a affirmé que les Canadiens étaient très préoccupés par la menace sécuritaire qui plane sur l'Irak. Il a poursuivi en ajoutant que l'objectif de cette visite, qui a été préparée dans le plus grand secret, était de témoigner de la solidarité du Canada à l'endroit de l'Irak. Il a aussi indiqué qu'il ne s'allierait pas pour autant à l'Iran, aussi opposé à l'EI.

L'Iran est répertorié sur la liste canadienne des États qui financent le terrorisme.

«Évidemment, nous avons une vision différente (de l'Irak) concernant le gouvernement de Téhéran. Il pourrait cesser de financer considérablement non seulement les organisations terroristes de la région, mais aussi les autres autour du monde».

M. Baird a également discuté avec le ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari, mais n'a pas eu le temps de rencontrer le premier ministre désigné Haider al-Abadi.

Il a condamné ce qu'il a qualifié de progression «barbare» des troupes de l'EI en Irak et en Syrie.

«Je suis ici en Irak pour démontrer l'engagement du Canada en faveur de la stabilité, la sécurité et la prospérité de l'Irak, a déclaré le ministre Baird. Les avancées barbares et expansionnistes de l'EI en Syrie et en Irak continuent de déstabiliser la région et représentent une menace sérieuse non seulement pour la sécurité régionale, mais aussi pour la sécurité mondiale. Le Canada a pris des mesures en partenariat avec ses alliés et le gouvernement de l'Irak pour contrer les activités de l'EI.»

Le ministre a par ailleurs annoncé que le Canada versera 15 millions $ pour aider les Irakiens à contrer la menace que représente l'EI.

De cette somme, environ 10 millions $ serviront à acheter des casques, des gilets pare-balles et des véhicules pour les forces irakiennes qui combattent les insurgés de l'EI. Le reste permettra d'appuyer les efforts régionaux pour limiter les déplacements des combattants en Irak et en Syrie.

La gravité de la situation qui prévaut sur le terrain s'est précisée au cours des derniers jours, alors que l'organisation Amnistie internationale a prévenu dans un rapport que les membres du groupe armé de l'EI avaient «lancé une campagne systématique de nettoyage ethnique» dans le nord de l'Irak.

«Le Canada ne gardera pas les bras croisés pendant que l'EI continue à assassiner des civils innocents, incluant des membres de minorités religieuses et ethniques», a déclaré John Baird.

Dans le cadre de cette seconde visite en l'espace de 18 mois en Irak, le ministre Baird était accompagné de deux députés de l'opposition à la Chambre des communes, le libéral québécois Marc Garneau et le néodémocrate ontarien Paul Dewar.

La délégation canadienne a invité le premier ministre élu Haider Al-Abadi à constituer un cabinet solide qui fera preuve de tolérance. Son prédécesseur, Nouri al-Maliki, a été largement accusé d'avoir fait la promotion de mesures pro-chiites qui ont fini par aliéner la minorité sunnite de l'Irak.

«Le changement ne se résume pas à une personne. Un nouveau premier ministre doit s'entourer d'une équipe comprenant des membres de toutes les minorités, en incluant tout particulièrement les chiites», a fait valoir Paul Dewar.

Nouri al-Maliki a été incapable d'unir chiites, sunnites, chrétiens et autres groupes religieux, a complété Marc Garneau.

«Et c'est l'une des raisons qui a permis à l'État islamique de s'implanter de façon aussi vigoureuse en Irak», a analysé le député libéral.