Philippe Couillard a abordé l'adhésion à la Constitution avec ses homologues des autres provinces, jeudi à Charlottetown, lors de sa première rencontre du Conseil de la fédération depuis son élection.

Mais le premier ministre du Québec et celle de la Colombie-Britannique, Christy Clark, étaient d'accord au terme de la rencontre pour dire que le moment n'est pas propice pour relancer des négociations constitutionnelles au Canada.

« Nous étions ce matin dans une salle chargée d'histoire, qui est la salle où a été signée la première entente qui a mené à la Confédération canadienne il y a bientôt 150 ans », a déclaré M. Couillard.

L'Île-du-Prince-Édouard célèbre cette année le 150e anniversaire de la Conférence de Charlottetown avec les Pères de la Confédération, qui a mené 3 ans plus tard à la création de la fédération canadienne. 

« Dans cette salle, j'ai exprimé, je crois au nom des Québécois, au moins des Québécois fédéralistes, que nous voulons contribuer au progrès et à la vitalité du Canada, notamment sur le plan économique et de la qualité de vie », a ajouté M. Couillard.

« Mais j'ai également rappelé, comme je le fais à chaque occasion, les demandes traditionnelles du Québec. Les épisodes de 1982 et de Meech demeurent importants pour les Québécois - non prioritaires, mais cependant importants. Et je crois que dans ce contexte historique, il fallait que je le fasse. »

Le premier ministre du Québec avait créé une petite tempête lors de la dernière campagne électorale en disant qu'il tenterait de convaincre ses homologues de relancer les discussions constitutionnelles pour permettre à la province d'y adhérer, ce qu'elle a refusé de faire depuis le rapatriement de la Constitution par le gouvernement Trudeau en 1982.

M. Couillard s'était ravisé le lendemain en disant qu'il aborderait la question avec les leaders d'autres provinces, mais qu'il n'en ferait pas une priorité.

Il a réitéré cette position jeudi. « Je ne vais pas demander la tenue d'une conférence constitutionnelle, parce que je ne crois pas que c'est réaliste dans les circonstances et l'environnement actuels », a-t-il dit.

« Mais il est très possible quand dans l'avenir, il y ait un autre rendez-vous constitutionnel, sur des sujets comme la réforme du Sénat ou les questions autochtones, a-t-il ajouté. Et à ce moment-là, je l'ai dit avant et après les élections, le Québec va participer à la condition que ses demandes traditionnelles, qui demeurent valides aujourd'hui, soient sur la table également. »

Concentrés sur l'économie

Il y a très peu d'appétit dans les autres provinces pour tenir de telles négociations et la première ministre de la Colombie-Britannique l'a dit sans équivoque.

« Beaucoup de Canadiens, et je peux parler pour les gens de la Colombie-Britannique, diraient qu'ils préfèrent que leurs premiers ministres se concentrent à créer des emplois, faire croître l'économie et faire l'extraction de ressources [...], plutôt que de passer notre temps à discuter de gouvernance et de structures constitutionnelles », a-t-elle dit.

« Il y a de la place pour ces conversations. Mais je crois qu'à ce point-ci dans l'histoire canadienne, où on fait face à un défi économique tellement fort, on doit concentrer là-dessus. »

Cette rencontre des premiers ministres des provinces et des territoires a lieu jeudi et vendredi. Ils doivent discuter cet après-midi de transferts fédéraux en santé.

Philippe Couillard espère convaincre ses homologues de la nécessité de calculer les futurs transferts fédéraux en fonction des besoins de chaque province plutôt que de leur nombre d'habitants. Cela pourrait être ardu, a-t-il reconnu, puisque certaines provinces, notamment dans l'ouest, sont avantagées par cette forme de calcul.