De nombreux libéraux et néo-démocrates viendront effectuer du repérage en Alberta, au cours des prochaines semaines, alors que leurs partis respectifs s'apprêtent à prendre d'assaut ce bastion conservateur au cours des prochaines élections fédérales.

Justin Trudeau et sa trentaine de députés seront les premiers sur les lieux, se réunissant lundi pour un caucus de trois jours à Edmonton.

Suivront le chef du Nouveau Parti démocratique Thomas Mulcair et ses 97 députés qui, par un heureux hasard, tiendront leur caucus estival annuel dans la même ville, du 9 au 11 septembre.

Il s'agit d'une convergence inhabituelle de politiciens provenant de partis dont les gestes d'ouverture ont pourtant été fermement rejetés par les Albertains. Il s'agit d'ailleurs d'un signe que le paysage politique pourrait enfin changer dans cette province résolument conservatrice, le tout alimenté par la création de six nouvelles circonscriptions majoritairement urbaines, des modifications apportées à la carte électorale et le départ de la vie politique de plusieurs députés conservateurs sortants.

«Les gens ont une mauvaise compréhension de la politique albertaine», affirme Stephen Carter, le stratège derrière les campagnes du maire de Calgary, Naheed Nenshi, et de l'ex-première ministre progressiste-conservatrice Alison Redford, et dont le succès s'appuie sur le fait de jouer la carte de la modération et des valeurs progressistes. «Ils assument que nous sommes des électeurs 'redneck', de droite, avec l'esprit un peu tordu... La réalité est que 60% des Albertains estiment être progressistes, et non pas du côté des conservateurs.

M. Carter avance que les Albertains ont voté en masse pour les conservateurs non pas pour des raisons idéologiques, mais plutôt parce que les libéraux se concentrent sur les 60% des sièges des provinces centrales, contrairement aux 10% des sièges se trouvant en Alberta.

Sur ce plan, le père de M. Trudeau, Pierre Elliott, est souvent décrié comme le pire fautif en la matière avec sa politique nationale sur l'énergie en 1980. Le fait est que l'Alberta est majoritairement un désert libéral depuis l'entrée de la province dans la Confédération, en 1905.

Les résultats du Nouveau Parti démocratique sont encore moins reluisants; la formation n'a jamais remporté plus qu'un siège dans la province.

Mais avec 34 sièges en jeu pour les prochaines élections en 2015 et le gouvernement conservateur de Stephen Harper atteignant son 10e anniversaire - habituellement la date d'expiration pour les gouvernements au pays - les deux partis d'opposition estiment disposer d'une opportunité pour finalement casser le moule conservateur en Alberta.

La seule députée néo-démocrate albertaine, Linda Duncan, affirme que son parti a bien des chances pour 2015. «Aux dernières élections fédérales, nous sommes arrivés deuxièmes dans pratiquement toutes les circonscriptions... y compris en région rurale», dit-elle.

Quant aux libéraux, s'ils veulent remporter la demi-douzaine de sièges qui sont prêts à être cueillis, croit M. Carter, ils «devront tenter de trouver un moyen de mener une campagne nationale sans désavantager l'Alberta». En raison de leur passé, il en doute.