Justin Trudeau se réjouit de voir le Bloc québécois (BQ) déchiré par les crises, mais reconnaît que la formation politique demeurera une force non négligeable lors des prochaines élections fédérales.

Même si le chef libéral refuse d'enterrer le mouvement souverainiste, il se dit heureux de constater que les partis qui défendent l'option se trouvent dans un creux historique.

«C'est toujours une bonne nouvelle quand une formation souverainiste est en difficulté, a-t-il confié, samedi, en entrevue avec La Presse. Moi, je le prends.»

Selon Justin Trudeau, les déchirements du Bloc québécois pourraient avoir un impact sur les résultats du parti souverainiste lors des prochaines élections fédérales. «Leurs problèmes à l'interne les empêchent d'être concentrés sur les vraies préoccupations des Québécois», a-t-il analysé.

La formation politique, déjà sérieusement hypothéquée par les résultats de mai 2011, traverse une période trouble depuis l'élection de Mario Beaulieu comme chef. Depuis ce jour, plusieurs candidats pressentis pour la prochaine élection se sont désistés. L'un des quatre députés du caucus, Jean-François Fortin, a annoncé son départ la semaine dernière. Son collègue Claude Patry pourrait faire de même en début de semaine.

«Un très bon signe»

Il y a toutefois loin de la coupe aux lèvres, croit M. Trudeau, de passage à Montréal dans le cadre des festivités de Fierté Montréal.

Le Bloc québécois va «être présent» en 2015, a-t-il prédit. Et les derniers sondages continuent à les créditer d'un appui non négligeable.

Le chef libéral se dit encouragé par la défaite du Parti québécois en avril dernier.

«Les seules personnes qui parlent réellement de souveraineté, ce sont certains cadres politiques et quelques journalistes, a-t-il analysé. Dans les conversations que j'ai avec les gens dans Papineau et à travers le Québec, on parle d'économie, de notre système de santé, de la retraite de nos aînés.»

Justin Trudeau croit aussi que si le sentiment souverainiste avait eu à prendre de l'ampleur, il aurait trouvé un terreau fertile dans l'accession au pouvoir à Ottawa d'un premier ministre albertain très impopulaire au Québec.

«Si on peut avoir un premier ministre canadien qui a si peu de réussites au Québec [...] et ne pas voir une montée du rejet du Canada en même temps, je pense que c'est un très bon signe», a-t-il dit.

Introduction par effraction

La famille de Justin Trudeau a été victime d'une entrée par effraction dans la nuit de vendredi à samedi, dans sa résidence d'Ottawa.

Le chef libéral ne s'y trouvait pas, mais sa femme Sophie Grégoire et leurs trois enfants dormaient au moment de L'effraction. Personne ne se serait réveillé et Mme Grégoire n'a constaté qu'à son réveil qu'un visiteur indésirable s'était introduit dans sa maison pendant la nuit.

«C'est vraiment quelque chose qui fait peur, l'idée que ma femme et mes enfants dormaient en haut pendant que quelqu'un était à l'intérieur», a-t-il affirmé en entrevue.

Une note a été laissée sur place. «Il y avait des éléments de menaces», a indiqué M. Trudeau, sans vouloir entrer dans les détails.

Une campagne antimarijuana qui ne passe pas

La nouvelle campagne de sensibilisation antimarijuana de Santé Canada constitue un moyen pour l'équipe de Stephen Harper de marquer des points politiques aux dépens du Parti libéral du Canada, a déploré Justin Trudeau, samedi.

Le chef libéral réagissait à un communiqué du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et d'autres associations médicales, où ils déclaraient ne pas vouloir participer à la campagne de publicité anticannabis du Ministère.

Justin Trudeau prône la légalisation du cannabis. Selon lui, ce changement permettra au gouvernement de mieux contrôler la substance et d'ainsi protéger les jeunes.

«Dans le cadre d'une campagne de salissage qu'ils font contre moi, je trouve que d'utiliser les fonds publics de Santé Canada fait partie d'attaques politiques», a dit le chef libéral.

Dans un communiqué émis samedi, le ministère fédéral s'est défendu de tomber dans la partisanerie. Il n'a pas rappelé La Presse.