Alors que tous les partis politiques commencent leurs préparatifs en prévision du prochain scrutin fédéral, le Bloc québécois perd un joueur important, le député de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia, Jean-François Fortin, qui claque la porte du parti souverainiste en faisant une sortie en règle contre le nouveau chef Mario Beaulieu.

Dans un communiqué de presse, M. Fortin explique sa décision de quitter le Bloc québécois en raison de la radicalisation de son parti depuis l'élection de M. Beaulieu en juin.

Il affirme ne plus se reconnaître dans cette formation qui a régné en maître au Québec pendant deux décennies. Sa crédibilité acquise au fil des ans sous la houlette de Gilles Duceppe et Daniel Paillé s'est rapidement effritée depuis l'arrivée de Mario Beaulieu, selon lui.

«Mon constat est le suivant:  le Bloc québécois auquel j'ai cru, auquel nous avons cru, n'existe plus. L'arrivée du nouveau chef, Mario Beaulieu, qui met de l'avant une approche unidimensionnelle, peu rigoureuse et intransigeante a mis fin à cette crédibilité établie par Gilles Duceppe et poursuivie par Daniel Paillé, deux chefs qui méritaient un grand respect», a affirmé M. Fortin.

Le Bloc québécois, qui a déjà détenu 54 des 75 sièges du Québec à la Chambre des communes, ne compte plus que trois députés maintenant. M. Beaulieu n'a pas de siège aux Communes. 

M. Fortin, qui avait appuyé André Bellavance lors de la course à la direction du Bloc québécois remporté par une mince majorité par Mario Beaulieu, a indiqué qu'il siègera dorénavant comme indépendant à la Chambre des communes.

«Quand j'ai rejoint le Bloc Québécois, j'ai rejoint un parti ouvert à tous ceux qui avaient à coeur de faire avancer le Québec. J'ai rejoint un parti qui me permettait de porter l'ensemble des dossiers des citoyennes et des citoyens de mon comté et de la grande région de l'Est-du-Québec, un parti rigoureux qui au-delà de l'étiquette, cherchait à améliorer concrètement la situation des Québécoises et des Québécois de toutes les régions tout en faisant la promotion de l'indépendance du Québec. Le Bloc Québécois de Mario Beaulieu n'est pas celui auquel j'ai adhéré», a ajouté M. Fortin.

Ne mâchant pas ses mots, le jeune député a ajouté : «Ce n'est pas en rejetant ceux qui semblent moins «purs», en abandonnant la rigueur qui a toujours caractérisé le Bloc Québécois et en lançant des formules toutes faites, en les répétant encore et encore, qu'il convaincra le Québec de le suivre. Ce n'est pas ainsi qu'il servira les Québécoises et les Québécois; ni même qu'il favorisera l'indépendance. En fait, en agissant de la sorte, M. Beaulieu divise les souverainistes entre eux plutôt que de les unir».

«Il a un agenda caché», dit Beaulieu

Le chef du Bloc québécois n'est pas tendre à l'endroit de son ancien député. Mario Beaulieu considère qu'il a été trahi par Jean-François Fortin, et l'accuse d'avoir des intentions cachées.

«S'il avait eu le courage de ses convictions, il m'aurait dit en face qu'il quittait le parti plutôt que d'organiser une mise en scène», a-t-il dit lors d'un point de presse mardi après-midi.

Monsieur Beaulieu a même transmis aux médias une copie d'un courriel intercepté par son équipe, dans lequel Jean-François Fortin propose de créer un nouveau parti politique sur la scène fédérale. «Il n'a jamais accepté le choix démocratique des membres du Bloc québécois», ajoute-t-il, faisant référence à la course à la chefferie remportée par Mario Beaulieu en juin. 

Il dit avoir rencontré le député de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia hier, qui ne lui aurait jamais parlé d'une éventuelle démission. Malgré cette défection, le chef du Bloc québécois n'entend pas changer de style. Il assure aussi avoir toute la confiance de ses trois autres députés. 

- Avec Jasmin Lavoie