Des coups de sonde réalisés au profit du ministère fédéral des Finances portent à croire que les principales politiques gouvernementales sont déconnectées des priorités des Canadiens, y compris le projet d'oléoduc Northern Gateway.

Des membres de groupes de réflexion consultés avant le budget de février étaient «peu enthousiastes» envers le projet devant permettre le transport de pétrole des sables bitumineux vers la côte de la Colombie-Britannique - même ceux qui affirmaient appuyer l'idée.

Et parmi les 12 groupes interrogés, l'économie elle-même n'était pas une priorité. On donne plutôt priorité à l'éducation, à la santé, aux régimes de retraite et aux anciens combattants. Les participants réclamaient également une plus grande transformation des produits pétroliers en sol national, en plus d'agir en ce sens de façon plus respectueuse de l'environnement. Les conclusions des groupes de réflexion de janvier, laissent entendre que les thèmes centraux de la politique conservatrice - les échanges commerciaux et l'économie, et plus particulièrement les exportations énergétiques - trouvent moins preneur chez les Canadiens ordinaires.

«Il y a peu d'enthousiasme pour le projet Northern Gateway, même chez ses partisans», indique un rapport daté du 25 janvier.

«Les détracteurs s'inquiètent des conséquences environnementales dans le cas d'un déversement, particulièrement en cas d'un accident d'un pétrolier au large de la côte de la Colombie-Britannique. (...) Il y a l'impression qu'un accès accru aux marchés pétroliers sera avantageux sur le plan économique, mais il y a malgré tout un désir d'agir de la sorte dans un cadre plus sécuritaire sur le plan environnemental.»

Le gouvernement Harper a pourtant fait du projet Northern Gateway un pilier de sa stratégie économique, clouant au pilori les groupes environnementaux qui s'y opposent, les qualifiant même de «radicaux».

Ces groupes de réflexion, en plus d'un sondage effectué auprès de 3000 personnes, ont été organisés en prévision du budget du 11 février, en vertu d'un contrat de 135 000 $.

Selon la porte-parole néo-démocrate en matière d'environnement Megan Leslie, le rapport sur les groupes de réflexion «démontre ce que le Nouveau Parti démocratique affirme depuis longtemps, soit que les députés conservateurs fédéraux de la province devront en répondre.»

Interrogé à propos du rapport, un porte-parole des Finances fédérales a simplement dit que ces travaux aidaient à mesurer l'«évolution» des attitudes canadiennes. «L'utilisation de recherches qualitatives et quantitatives permet au ministère d'obtenir une meilleure idée de l'évolution de l'état d'esprit du public à propos de l'état de l'économie, du bien-être économique des Canadiens, et des actions gouvernementales dans la sphère économique», a indiqué David Barnabe par courriel.