Le ministre fédéral de l'Emploi, Jason Kenney, pourrait permettre des exemptions à sa récente réforme du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET).

M. Kenney a indiqué vendredi que des modifications pourraient être apportées pour les secteurs présentant de très faibles taux de chômage situés dans des régions comptant un plus grand nombre de sans-emploi.

Le ministre assure cependant qu'il ne fera aucun compromis quant à l'objectif principal de la réforme: s'assurer que les employeurs n'utilisent pas le programme comme source de main-d'oeuvre bon marché au lieu d'embaucher des Canadiens sans emploi.

«J'ai réitéré le fait que ces changements importants ont été apportés pour nous assurer que les Canadiens passeront toujours en premier dans notre marché du travail et que le Programme des travailleurs étrangers temporaires sera une solution limitée, temporaire et de dernier recours», a précisé M. Kenney après une rencontre avec ses homologues provinciaux à Charlottetown.

Le ministre assure toutefois qu'il prend les inquiétudes et les préoccupations des provinces et territoires au sérieux.

«Dans certains cas, lorsque de très faibles taux de chômage seront observés dans des secteurs d'une région comptant un grand nombre de sans-emploi, nous pourrons étudier la possibilité d'accorder des exemptions locales spéciales à certains changements que nous avons récemment annoncés.»

En juin, M. Kenney avait annoncé une réforme limitant le nombre de travailleurs étrangers que les grandes et moyennes entreprises pouvaient embaucher. Il a également haussé les pénalités imposées aux entreprises qui enfreignent les nouvelles règles, promettant que des inspections seraient effectuées.

Le ministre de l'Innovation de l'Île-du-Prince-Édouard, Allen Roach, a révélé que ses collègues avaient fait part de leurs inquiétudes au sujet de la réforme directement à M. Kenney, ajoutant qu'ils reconnaissent que certains aspects du Programme avaient besoin d'être améliorés.

Cette rencontre est survenue un jour après que les premiers ministres de l'Ouest canadien, en réunion à Iqaluit, eurent critiqué les changements apportés au programme.

«Limiter les possibilités d'embauche de travailleurs étrangers pour pallier le manque de main-d'oeuvre punira injustement les employeurs responsables de l'Ouest, particulièrement ceux des petites communautés éloignées où les travailleurs canadiens se font rares», ont-ils indiqué par communiqué.

Bien que Jason Kenney ait cherché à se montrer conciliant envers les provinces, il a adopté la ligne dure contre les employeurs, qu'il a accusés dans le passé d'appuyer leur modèle d'affaires sur la main-d'oeuvre étrangère relativement meilleur marché.

«Nous encourageons les employeurs - et je ne parle d'aucune région ou industrie en particulier - à redoubler d'efforts pour embaucher et, si nécessaire, accommoder les travailleurs sans emploi locaux», a-t-il dit.

Cela pourrait se traduire par des augmentations de salaire, des horaires plus flexibles, des investissements dans la formation ou une offre de transport dans les secteurs difficiles d'accès, a-t-il précisé.

«Nous croyons que ces solutions sont préférables à celle d'appeler un recruteur à l'autre bout du monde pour faire venir une personne d'un pays en développement vers une région au taux de chômage dans les deux chiffres.»