Thomas Mulcair accuse le gouvernement Harper de se servir d'une catastrophe naturelle pour faire de la politique partisane, après qu'on lui eut refusé la permission de visiter la zone d'inondation au Manitoba.

Le chef de l'Opposition officielle était à Winnipeg, mercredi, quelques heures avant qu'une pointe d'eaux de crue soit attendue dans la partie sud-ouest de la province.

En collaboration avec le cabinet du premier ministre Greg Selinger, le chef néo-démocrate fédéral devait visiter le poste de commandement militaire supervisant le travail des 500 soldats qui remplissent des sacs de sable et construisent des digues près de la rivière Assiniboine.

Le brigadier-général Christian Juneau, commandant de la troisième division du Canada, avait approuvé la visite, selon le bureau de M. Mulcair. Il ne restait qu'à obtenir le feu vert du ministre de la Défense, Rob Nicholson. Or, M. Mulcair a appris tard mardi que le ministre Nicholson avait refusé d'approuver la visite.

«À un moment où tout le monde doit essayer de travailler ensemble, dans le meilleur intérêt d'une communauté mise en danger, voilà qu'au lieu de faire ça, les conservateurs ne peuvent pas s'empêcher de faire de la politique partisane, même à un moment de crise dans une catastrophe naturelle», a déploré M. Mulcair, mercredi.

La porte-parole de M. Nicholson a quant à elle souligné que le gouvernement avait annulé toutes visites.

«Les 48 prochaines heures seront cruciales en ce qui concerne les inondations au Manitoba, alors que la crue devrait atteindre Portage La Prairie», a écrit Johanna Quinney par courriel. «Par conséquent, aucune visite ne sera approuvée en ce moment, afin de permettre à nos gens sur le terrain de concentrer leurs efforts sur la façon d'assurer la sécurité des Manitobains et de leurs biens.»

M. Mulcair a cependant mis en doute l'explication officielle, soulignant que les chefs de l'opposition ont toujours eu la permission de visiter des zones d'inondations dans le passé. Il a également souligné que le premier ministre Stephen Harper avait survolé la zone sinistrée pendant 20 minutes, dimanche, en compagnie de députés de la région.

«Je remarque que la règle ne semblait pas exister la fin de semaine dernière quand M. Harper a pu survoler la région. Je crois que c'est inexcusable», a-t-il lancé.

Alors qu'il critiquait le gouvernement Harper pour son inaction dans la lutte aux changements climatiques, qu'il montre du doigt pour expliquer la fréquence croissante des catastrophes naturelles, M. Mulcair a nié faire preuve lui aussi de partisanerie en visitant la région. «Il est impossible de se rendre à certains de ces endroits à moins d'être accompagné par l'armée», a-t-il rappelé.

Le gouvernement néo-démocrate manitobain a accueilli les politiciens, tout parti politique confondu, qui ont voulu voir de leurs propres yeux l'ampleur de la crise. Le premier ministre Selinger a toutefois refusé, mercredi, de commenter la décision du ministre Nicholson d'annuler la visite de M. Mulcair au poste de commandement militaire.

«Le gouvernement fédéral prend ses propres décisions au sujet des gens qui ont l'autorisation d'être ici, a-t-il déclaré lors d'un point de presse. Nous croyons que tout le monde doit comprendre la gravité de la situation, mais (...) nous concentrons nos efforts pour nous assurer de prendre les meilleures décisions aussi rapidement que possible pour protéger la population et les propriétés.»