Redonner une voix forte aux Québécois à Ottawa et mettre fin au mépris qu'affichent les conservateurs envers les institutions canadiennes. Voilà le cri de ralliement des candidats libéraux qui brigueront les suffrages aux prochaines élections dans les 78 circonscriptions que comptera le Québec à partir de 2015.

Pour rétablir le lien de confiance entre le Parti libéral du Canada (PLC) et les électeurs du Québec, les candidats libéraux ont adopté la formule de Justin Trudeau: parcourir sans relâche leur circonscription respective plusieurs mois à l'avance, frapper à la porte des chaumières et participer aux activités communautaires, même si le prochain scrutin n'aura pas lieu avant 16 mois.

C'est ce que M. Trudeau a fait en 2007 lorsqu'il a confirmé son intention de faire le saut en politique dans la circonscription de Papineau. À l'époque, plusieurs doutaient qu'il puisse déloger la bloquiste Vivian Barbot. Aux élections de 2008, il a confondu les sceptiques en remportant la victoire. M. Trudeau a d'ailleurs fortement encouragé les candidats choisis à partir à la rencontre de leurs électeurs dès maintenant.

Trois exemples

François-Philippe Champagne est candidat libéral dans Saint-Maurice-Champlain, l'ancienne circonscription de Jean Chrétien. Ce jeune homme d'affaires qui a occupé des postes importants au sein de plusieurs entreprises internationales sillonne sa circonscription depuis plus de huit mois déjà. Lise Saint-Denis, qui a été élue sous la bannière du Nouveau Parti démocratique (NPD), mais qui est passée dans le camp libéral il y a deux ans, est l'actuelle députée, mais elle ne sollicitera pas un autre mandat.

«Le fait d'être candidat, d'être déjà sur le terrain, c'est un avantage notoire sur notre façon de faire. Cela rapproche les candidats des gens dès le début. On écoute pour mieux comprendre, et ensuite agir. Cette période d'écoute est fondamentale pour moi», avance M. Champagne.

Rachel Bendayan, avocate en litige chez Norton Rose Fulbright Canada, est candidate libérale dans Outremont. Elle affrontera donc le chef du NPD, Thomas Mulcair. Consciente de la rude bataille à venir, même si Outremont a déjà été un bastion libéral, elle prend le pouls des électeurs depuis environ un an et a serré plus de 2000 mains.

«Quand j'ai commencé à faire du porte-à-porte, les gens me disaient: «On n'est pas en campagne électorale». Mais il faut bâtir une relation entre les représentants à Ottawa et les gens de la circonscription. Et ce n'est pas en 30 jours de campagne que l'on réussit à faire cela», affirme-t-elle.

Claude Boucher, ancien ambassadeur du Canada en Haïti et numéro deux à l'ambassade du Canada à Londres, est pour sa part candidat dans Lévis-Lotbinière. Il se mesurera au député conservateur Jacques Gourde, en poste depuis 2006. M. Boucher a été choisi comme candidat libéral il y a trois mois, mais il se prépare au prochain scrutin depuis neuf mois dans sa circonscription.

Formation

Ces trois candidats et une douzaine d'autres du Québec ont passé quelques jours à Ottawa, il y a trois semaines, afin de rencontrer les députés libéraux et suivre une formation électorale.

«Je suis très mal à l'aise avec la vision du Canada de Stephen Harper et aussi la place qu'occupe le Québec dans le Parti conservateur. Cela m'agace. [...] Il faut que ce gouvernement-là parte», affirme Claude Boucher, qui a pris sa retraite de la fonction publique en 2012 après 30 ans de service.

«J'ai vu la réputation internationale du Canada diminuer à une vitesse grand V depuis que les conservateurs sont au pouvoir, notamment à cause de leur indifférence face à l'environnement. Le Canada, qui était partie de la solution, est devenu partie du problème à l'étranger», ajoute-t-il.

«Nous voulons avoir une voix forte à Ottawa. Les gens de mon comté espèrent que l'on retrouvera cela aux prochaines élections», ajoute François-Philippe Champagne, qui a déjà été choisi comme «Young Global Leader» par le Forum économique mondial.

Rachel Bendayan cache mal son indignation en commentant les attaques du gouvernement Harper contre la juge en chef de la Cour suprême du Canada, Beverley McLachlin, dans la foulée de la nomination avortée du juge Marc Nadon au plus haut tribunal du pays.

«J'étais scandalisée, en tant que femme et avocate, de voir le premier ministre se lancer dans de telles attaques. Mais depuis huit ans, on en a vu d'autres attaques contre nos institutions», dit-elle.