Le NPD a peu d'espoir de faire reculer le gouvernement sur la nomination de Daniel Therrien à titre de nouveau commissaire à la protection de la vie privée du Canada, malgré l'apparence de conflit d'intérêts dénoncé par le chef Thomas Mulcair et plusieurs experts.

M. Therrien doit comparaître en comité parlementaire mardi matin. On s'attend à ce que sa nomination soit confirmée peu de temps après.

Le premier ministre Stephen Harper a défendu son choix lundi et accusé le chef de l'Opposition de voir « des complots partout » et d'adopter une « position idéologique ridicule ». Il a décrit M. Therrien comme un fonctionnaire hautement expérimenté et un spécialiste fortement recommandé. Le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, fait partie de ceux qui ont endossé la candidature.

Avocat et fonctionnaire de carrière, Daniel Therrien supervise les dossiers de sécurité publique, d'immigration et de défense au ministère de la Justice depuis près de 10 ans. Il a notamment été négociateur en chef pour les questions de vie privée dans le cadre du vaste partenariat d'échange de renseignements entre le Canada et les États-Unis, appelé Par-delà la frontière.

Le NPD ainsi que divers experts et groupes de la défense des droits de la personne craignent qu'il ne soit pas la bonne personne pour protéger les Canadiens contre de possibles intrusions du gouvernement dans leur vie privée.

« Le Colonel Sanders est un bon gars lui aussi, mais on ne le mettrait pas en charge du poulailler! » a lancé M. Mulcair lors de la période de questions.

Le chef du NPD a tracé un parallèle avec d'autres situations où les troupes de Stephen Harper ont choisi d'attaquer ou de remplacer des chiens de garde du gouvernement lorsque leurs décisions ont été remises en question.

« C'est le genre de résultat avec lequel il faut se contenter avec les conservateurs jusqu'à temps qu'on réussisse à les mettre dehors! » a-t-il tranché.

M. Mulcair s'est dit particulièrement préoccupé par l'apparence de conflits d'intérêts dans lesquels M. Therrien pourrait se retrouver, alors que le commissariat à la protection de la vie privée s'apprête à examiner plusieurs politiques qu'il a pu aider à élaborer dans le cadre de ses fonctions de « sous-procureur général adjoint, Portefeuille de la sécurité publique, de la défense et de l'immigration au ministère de la Justice ».

« Ce commissaire aurait pu avoir l'obligation juridique en vertu de son code déontologique de cacher de l'information à ses propres employés au sujet de programmes d'espionnage qu'il a aidé à créer, parce qu'il agissait comme procureur du gouvernement à l'époque », a lancé M. Mulcair.

Dans une lettre ouverte, des experts et groupes de défense des droits de la personne comme le Conseil du Canada de l'Accès et la vie privée ont exhorté le premier ministre à revoir sa décision. « Un sous-procureur général adjoint de longue date responsable de la Sécurité publique, M. Therrien n'a pas la perspective et l'expérience nécessaire pour régler immédiatement les nombreux problèmes relatifs à la vie privée auxquels fait face le Canada », ont écrit les membres de cette coalition.

Le projet de loi C-13, actuellement à l'étude en comité parlementaire, fait partie des problèmes dénoncés par la coalition. Ce projet de loi controversé, dont le but annoncé par Ottawa était de lutter contre les cyberprédateurs, contient aussi plusieurs dispositions qui faciliteraient l'accès aux données électroniques des Canadiens pour les services de surveillance et les services policiers.