Les ministres des Affaires autochtones des provinces et territoires demandent à leurs premiers ministres d'offrir des compensations et de l'aide psychologique aux milliers d'enfants autochtones adoptés par des familles non autochtones durant les années 1960.

Réunis récemment à Winnipeg, ils ont recommandé que les premiers ministres mettent sur pied un groupe qui étudie la question. Les premiers ministres doivent se rencontrer en août, à l'Île-du-Prince-Édouard, pour une réunion du Conseil de la fédération.

Selon le ministre des Affaires autochtones du Manitoba, Eric Robinson, il est temps d'entreprendre un dialogue national sur ce sujet dont personne ne parle. En entrevue, M. Robinson a indiqué que ce n'était pas un sujet qui demandait énormément de réflexion puisqu'il s'agit d'une simple question de bon sens que de commencer à en parler.

Jusqu'à 20 000 enfants autochtones ont été retirés de leur communauté par les services sociaux pour être élevés dans des familles non autochtones entre les années 1960 et 1980. Beaucoup considèrent cette histoire comme un chapitre parallèle aux pensionnats fédéraux tenus par des communautés religieuses.

Les enfants adoptés, aujourd'hui adultes, ont affirmé que le temps de la réconciliation est venu et qu'ils souhaitent des excuses de la part du gouvernement fédéral.

Le ministre Robinson, lui-même un survivant des pensionnats autochtones, a raconté qu'il avait au moins eu la chance d'être entouré d'autres Indiens à l'école.

«Dans le cas de ces enfants qui ont été adoptés, ils n'avaient personne. Ils étaient un visage brun parmi une foule de visages blancs, aux États-Unis ou à l'étranger.»

Coleen Rajotte, une cinéaste, a été enlevée de sa communauté crie en Saskatchewan lorsqu'elle avait trois mois et a été élevée au Manitoba. Elle a eu la chance d'avoir une famille aimante, mais affirme que plusieurs ont atterri dans des familles qui les ont traités comme des domestiques. «Des vies ont été marquées à jamais», a-t-elle dit.

Un éventuel groupe d'étude mis sur pied par les premiers ministres offrirait de l'aide psychologique, et possiblement des compensations, croit Mme Rajotte. De plus, à long terme, les Canadiens doivent apprendre l'existence de ce sombre volet de leur histoire nationale.

Le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard, Robert Ghiz, qui est également ministre des Affaires autochtones, n'était pas disponible pour une entrevue sur le sujet.