Le premier ministre Stephen Harper avise les provinces que les surplus fédéraux qui pointent à l'horizon seront en grande partie utilisés pour réduire le fardeau fiscal des contribuables et non pas pour les aider à boucler leurs budgets largement déficitaires.

S'exprimant pour la première fois sur l'utilisation des surplus fédéraux au moment où plusieurs les provinces reportent la date de l'atteinte de l'équilibre budgétaire, voire annoncent des compressions, M. Harper a clairement fait savoir qu'une nouvelle hausse des paiements de transferts ne fait pas partie de sa liste de priorités.

De passage à New Maryland, au Nouveau-Brunswick, le premier ministre a soutenu que son gouvernement réussira sous peu à éliminer le déficit fédéral en exerçant un contrôle serré de ses propres dépenses au lieu d'utiliser la méthode de l'ancien gouvernement libéral de Jean Chrétien, qui avait réussi à mettre fin à l'encre rouge à Ottawa en réduisant massivement les paiements de transfert aux provinces.

«La situation budgétaire varie dramatiquement d'une province à l'autre. Le gouvernement fédéral a adopté des mesures difficiles, mais nécessaires, je crois, pour nous ramener sur le chemin de l'équilibre budgétaire. Nous n'y sommes pas encore. Nous avons encore du travail à faire», a affirmé M. Harper au cours d'un point de presse.

«Mais nous allons y parvenir sans réduire les paiements de transfert aux provinces, comme l'a fait le gouvernement libéral précédent. Nous avons augmenté les paiements de transfert aux provinces chaque année et ils vont continuer à augmenter. Et comme je l'ai dit durant la campagne électorale en 2011, lorsque nous aurons des surplus, notre priorité absolue est de réduire les impôts des familles canadiennes», a ajouté le premier ministre.

Promesses

Aux élections de 2011, les conservateurs de Stephen Harper ont formulé certaines promesses qui étaient conditionnelles à l'élimination du déficit. L'une de ces promesses était de permettre aux couples ayant des enfants de moins de 18 ans de fractionner leurs revenus pour réduire leurs impôts. À elle seule, cette mesure coûterait en revenus au Trésor fédéral environ 2,7 milliards de dollars annuellement.

Dans son dernier budget, le gouvernement Harper prévoit un premier surplus de 6,4 milliards de dollars en 2015, année où les Canadiens doivent se rendre aux urnes.

Au cours des dernières semaines, les deux provinces les plus populeuses du pays, le Québec et l'Ontario, ont annoncé que leurs finances publiques se détériorent. Le Québec doit comprimer ses dépenses de 3,7 milliards de dollars dans son prochain budget, prévu en juin, s'il veut limiter son déficit à 1,7 milliard en 2014-2015 et atteindre l'équilibre durant l'exercice financier suivant.

En Ontario, le déficit de la province en 2014-2014 atteindra 12,3 milliards de dollars, soit 2 milliards de plus que prévu il y a 12 mois à peine.

Par ailleurs, M. Harper a dit être prêt à discuter du transfert éventuel de la propriété des ponts fédéraux au gouvernement du Québec. «Oui, on est très prêts à discuter de la vente et du transfert de ces ponts fédéraux à la province», a dit le premier ministre. Les ponts Champlain et Jacques-Cartier, tout comme une partie du pont Mercier, sont sous la responsabilité d'Ottawa.

Mais il a souligné qu'un tel transfert n'aura pas lieu dans un avenir prévisible, soulignant que la priorité d'Ottawa est la construction du nouveau pont Champlain pour 2018. À Québec, le premier ministre Philippe Couillard a indiqué que de telles négociations ne sont pas prioritaires pour le moment.