À eux trois, Gar Knutson, Dan McTeague et Joe Volpe ont arboré les couleurs du Parti libéral du Canada (PLC) à la Chambre des communes pendant un total de 52 années.

MM. Knutson et Volpe ont même été ministres.

Pourtant, les trois anciens députés pourraient devoir renoncer à leur retour en politique en raison de la décision du chef du PLC, Justin Trudeau, d'interdire aux opposants à l'avortement de proposer leur candidature pour représenter le parti aux élections de 2015.

Résigné, Gar Knutson a déjà accepté le fait qu'il ne pourrait pas briguer l'investiture libérale dans la circonscription d'Ottawa-Orléans, où le favori de M. Trudeau, le général à la retraite Andrew Leslie, est aussi en lice.

En entrevue avec La Presse Canadienne jeudi, M. Knutson a dit s'attendre à être écarté de la course.

Le rêve de l'ex-député a été anéanti, mercredi, lorsque le leader libéral a annoncé que personne n'aurait l'autorisation de se porter candidat pour représenter la formation politique sans s'engager à défendre le droit des femmes à se faire avorter.

Justin Trudeau a affirmé avoir clairement signifié aux futurs candidats qu'ils devraient voter en faveur du droit à l'avortement en toutes circonstances.

Cette règle ne s'applique toutefois pas aux députés en fonction, qui sont nombreux à penser que l'avortement est immoral.

Mais pour les anciens députés comme MM. Knutson, McTeague et Volpe, qui sont soumis aux mêmes exigences que les nouveaux venus, cela pourrait vouloir dire être exclus du parti qu'ils ont respectivement représenté durant 11, 18 et 23 ans.

La dernière fois que le trio a été élu, le PLC n'avait pas de position officielle sur l'avortement, qu'il considérait comme un sujet d'ordre privé.

Cela a cependant changé en 2012, lorsque les délégués du congrès national de la formation politique ont appuyé une résolution qui soutenait explicitement le droit des femmes à se faire avorter.

Et cela a encore changé lorsque M. Trudeau, qui se décrit comme étant «résolument pro-choix», a été élu à la tête du PLC.

Les opposants à l'avortement ont déjà formé une minorité très présente au sein du caucus libéral. Mais Justin Trudeau a décidé d'emboîter le pas au Nouveau Parti démocratique (NPD), qui est depuis longtemps ouvertement en faveur du libre choix en matière d'avortement.

Le leader néo-démocrate, Thomas Mulcair, a fait valoir, jeudi, que sa formation demeurait la seule à être vraiment pro-choix puisque M. Trudeau permet aux députés libéraux déjà en place de déroger à la ligne du parti sur cette question.