Le groupe Campaign Life dit vouloir se débarrasser de tous les députés fédéraux qui sont en faveur de l'avortement et avoir mis sur pied une stratégie pour faire élire des candidats pro-vie.

L'organisme, qui milite contre l'avortement, a tenu un point de presse à Ottawa, mercredi, dans le but de faire interdire la pilule abortive RU-486.

Il s'agissait d'un prélude à la grande marche pro-vie qui aura lieu jeudi et qui devrait rassembler des milliers de Canadiens sur la Colline parlementaire à Ottawa.

Les militants de Campaign Life affirment avoir une stratégie qui se concentre notamment sur les 30 nouvelles circonscriptions créées pour les élections de 2015.

Leur but est de faire élire au Parlement des députés qui partagent leur vision. Ils disent même agir au niveau des investitures pour choisir le candidat qui représentera un parti lors de la prochaine élection.

Ils affirment avoir réussi à faire élire l'un des leurs lors d'une récente investiture, même s'ils refusent de dévoiler son nom pour l'instant.

«Dans le climat politique actuel, quand des candidats disent qu'ils sont pro-vie, ils tendent à avoir une cible dans le dos», a dit le militant Matthew Wojciechowski.

«Nous n'avons pas de plateforme cachée. Mais nous voulons les protéger», a-t-il ajouté.

La stratégie semble toutefois ne pas avoir de succès au Québec, a-t-il confié.

Le premier ministre Stephen Harper répète depuis des années qu'il ne veut pas rouvrir le débat sur l'avortement.

«Il n'a pas le choix», soutient de son côté Alyssa Golob, une autre membre de Campaign Life.

«Il doit écouter les gens qui l'ont élu», a-t-elle ajouté.

Elle qualifie d'«antidémocratiques» les tentatives du premier ministre de faire taire au Parlement ceux qui présentent des motions ou des projets de loi pour interdire l'avortement.

Elle a même émis un avertissement.

«S'il continue de cette façon, il y aura des ramifications sérieuses au sein du parti et du public en général et ils ne vont pas le réélire», a dit Mme Golob.

Invité à sauter dans le débat, le chef libéral Justin Trudeau a dit que tous les futurs candidats du parti devront être pro-choix et devront «voter pro-choix».

«Le Parti libéral a comme position officielle et absolue qu'on est un parti pro-choix», a-t-il dit mercredi. Pas question pour quiconque de légiférer sur ce qu'une femme peut faire avec son corps, a-t-il précisé.

Mais les députés actuels ne seront pas assujettis à la règle, a-t-il ajouté, non sans hésitation, sans confirmer clairement si les votes sur l'avortement seront imposés ou non.

Ce qui a fait dire au militant Matthew Wojciechowski que c'est justement ce qu'il cherchait à éviter en ne donnant pas le nom des candidats pro-vie. Il s'est dit très déçu de la position de Justin Trudeau qui va empêcher les pro-vie de pouvoir être candidats pour le Parti libéral.

Quant au député libéral John McKay, il n'est pas d'accord avec son chef, lui-même étant contre l'avortement. Il souligne toutefois que Justin Trudeau n'a fait que répéter la position du parti.

Il ne sait pas s'il y aura des conséquences pour lui en raison de son opinion à ce sujet, contraire à celle de son chef.

«On verra», a-t-il dit, ajoutant ne pas s'inquiéter. Il n'y a pas de député qui adopte à 100 pour cent toutes les politiques de son parti, selon lui. Et sur l'avortement, c'est le cas aussi chez les conservateurs.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) en a profité pour décocher une flèche à M. Trudeau.

Pour Thomas Mulcair, pas besoin de règles.

«Au NPD, il n'y a aucun député de notre parti qui va jamais voter contre le droit d'une femme de choisir en matière de reproduction et il n'y a personne qui va se présenter pour nous autres avec l'intention de voter contre ça», a-t-il dit.

C'est une question de principe, selon lui.

Il dit ne pas comprendre comment «on peut avoir deux niveaux de principes à l'intérieur d'un caucus».

Tous les futurs candidats néo-démocrates doivent accepter les principes du parti avant de se présenter, dit-il.