Des militants conservateurs choisiront aujourd'hui entre un député de l'ère réformiste qui multiplie les controverses à Ottawa, Rob Anders, et Ron Liepert, un ancien ministre des Finances dans le gouvernement de la première ministre démissionnaire Alison Redford.

L'assemblée d'investiture pour déterminer le candidat du parti de Stephen Harper pour les prochaines élections dans la nouvelle circonscription de Calgary-Signal Hill est symbolique à plusieurs égards: «C'est une question de savoir si les conservateurs de Redford ou les conservateurs de Harper gagnent», a récemment déclaré M. Anders en entrevue au Calgary Herald.

«C'est une grosse bataille entre les rouges et les bleus», a-t-il ajouté, faisant référence à la division au sein des troupes conservatrices albertaines qui remonte aux années de Joe Clark et Brian Mulroney.

«C'est une bataille pour l'âme du parti», a conclu le député élu sous la bannière du Parti réformiste pour la première fois en 1997.

Appui de Harper

Ron Liepert le voit autrement. Il refuse d'être réduit à l'étiquette de «Red Tory» que tente de lui accoler M. Anders.

Selon l'ancien ministre provincial, c'est plutôt une question de donner aux militants, pour la première fois en plus de 10 ans, la possibilité de choisir leur candidat et, potentiellement, de se débarrasser d'un député qu'il décrit comme étant absent, inefficace et qui a trop souvent fait honte à ses électeurs.

«Les gens sentent tout simplement qu'il les gêne constamment», a lancé M. Liepert lorsque La Presse l'a rencontré à Calgary.

Rob Anders est bien connu pour s'être endormi à la Chambre des communes, incluant durant le témoignage d'anciens combattants lors d'une réunion d'un comité parlementaire. Il a voté contre le fait d'offrir la citoyenneté canadienne honoraire à Nelson Mandela, l'accusant d'être un terroriste et un communiste. Il a dû s'excuser auprès de Thomas Mulcair pour l'avoir accusé d'avoir précipité la mort de Jack Layton pour prendre sa place.

Malgré tout, le premier ministre Stephen Harper a décidé d'appuyer la candidature de M. Anders, un geste inhabituel pour un chef de parti durant une investiture ouverte.

Rod Love, stratège conservateur de longue date en Alberta, estime que la défaite de Rob Anders est loin d'être acquise. Peu importe si le député ne s'est jamais vu confier de poste de ministre ou même de secrétaire parlementaire depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs à Ottawa en 2006: «Il est un pipeline vers les anciens réformistes, dit M. Love. Ils savent qu'il y a quelqu'un qui pourra défendre leurs intérêts au caucus.»

«Nouvelle Alberta»

Ron Liepert mise sur la circonscription elle-même: c'est la même qu'il a représentée à l'Assemblée législative de l'Alberta pendant huit ans.

C'est une circonscription où vivent des familles aux revenus élevés, explique M. Liepert en nous guidant dans les rues de la banlieue de l'ouest de Calgary, d'où on peut voir les tours du centre-ville au loin. Les maisons coûtent près de 1 million de dollars et bon nombre de cadres de haut rang de l'industrie pétrolière et du monde des affaires y ont élu domicile.

«Je dirais qu'environ 25% des gens de cette circonscription n'habitaient pas en Alberta il y a 10 ans. Et la moitié d'entre eux n'habitait pas au Canada il y a 10 ans», précise le candidat.

M. Liepert se dit confiant de l'emporter dans ce secteur qui représente «la frange huppée de la nouvelle Alberta». La population albertaine connaît une croissance importante en raison de sa situation économique.