«Jim Flaherty était une très bonne personne.»

Ces mots, prononcés d'une voix cassée par Thomas Mulcair retenant ses larmes, ont été repris en écho par tous les collègues conservateurs et les adversaires politiques de l'ancien ministre des Finances, décédé subitement jeudi.

Tous ont voulu se rappeler son sens de l'humour, insistant que personne ne pouvait jamais lui en vouloir, peu importe les divergences politiques.

Lorsque la nouvelle de son décès a atteint le parlement, la Chambre était pleine et s'apprêtait à entreprendre la période des questions quotidienne. On a plutôt suspendu les travaux et les députés sont allés les uns vers les autres pour se consoler avant de sortir dans les corridors, manifestement secoués.

Le chef libéral, Justin Trudeau, a laissé entendre que la classe politique avait perdu une perle rare.

«C'était un parlementaire dévoué doté d'une forte conscience sociale... Il était un fier Canadien. Il a fait montre de zèle et d'un engagement continu envers le pays pendant des années. Il s'agit d'une perte pour toute la famille des Communes.»

«Il pouvait s'entendre avec les gens qu'ils soient libéraux, conservateurs ou n'importe quoi d'autre», s'est rappelé le député libéral John McCallum qui a souvent eu à critiquer les décisions budgétaires de M. Flaherty.

On a beaucoup pleuré aussi dans la salle où le premier ministre Stephen Harper avait convoqué ses députés et sénateurs pour leur dire sa tristesse.

Parlant de son «collègue», son «partenaire» et son «ami», le premier ministre s'en est tenu à une très courte déclaration, disant que le temps viendrait pour lui de rendre hommage plus longuement à M. Flaherty, dans d'autres circonstances.

À la sortie de cette brève réunion, les collègues conservateurs de M. Flaherty ont tous parlé d'un homme «dévoué», se rappelant qu'avant de démissionner, le mois dernier, il souffrait depuis déjà plusieurs mois d'une maladie dont les signes étaient visibles.

«Est-ce qu'il n'a pas empiété sur sa santé?», s'est demandé le sénateur conservateur Jean-Guy Dagenais.

«On voit des gens ici qui viennent, des fois, qui sont malades, qui hypothèquent leur santé. Ce qu'il faut regarder, c'est le grand signe de dévouement, particulièrement de M. Flaherty», a souligné le sénateur.

«Il pensait aux autres d'abord, pensait au pays, et il est évident qu'il n'a pas assez pensé à lui-même», s'est désolé Gary Goodyear, ministre d'État.

Réagissant sur son compte Twitter, l'actuel ministre fédéral des Finances, Joe Oliver, s'est dit à la fois «en état de choc et très attristé». Il se souviendra du disparu comme d'un «homme qui aimait le Canada».

«Il était capable d'offrir une réplique avec un sourire espiègle lors de la période de questions... Il était un homme vraiment gentil», a écrit la chef du Parti vert du Canada, Elizabeth May.

De son côté, le maire de Toronto, Rob Ford, semblait réellement bouleversé par la disparition de celui qu'il considérait comme l'un de ses proches.

«C'est avec une profonde tristesse et avec le coeur lourd que je dis au revoir à un ami vraiment spécial».

«Je t'aime Jim, tu vas me manquer», a-t-il ajouté, sous le coup de l'émotion.

John Manley, ancien ministre libéral des Finances et actuel président et chef de la direction du Conseil canadien des chefs d'entreprise, ne s'est vraiment pas montré avare de compliments.

«Le Canada a perdu un extraordinaire travailleur public, un homme qui était respecté à travers le pays et autour du monde. Au nom des dirigeants d'entreprises canadiennes, je veux offrir de sincères condoléances à sa famille. Nous sommes reconnaissants pour les multiples contributions de Jim Flaherty au Canada et nous sommes profondément attristés par sa mort».

Le chef du parti progressiste-conservateur de l'Ontario, Tim Hudak, a éprouvé de la difficulté à contenir ses larmes lorsqu'il a été invité à parler de celui qu'il considérait comme une légende de la politique et comme l'un des meilleurs ministres des Finances de l'histoire canadienne. Il a souligné qu'il avait le coeur brisé de ne pas avoir été en mesure de faire ses adieux à Jim Flaherty.