Ayant mené la charge pour exclure la Russie du G8, le mois dernier, dans la foulée de l'annexion de la Crimée, le Canada souhaite continuer d'isoler le régime de Vladimir Poutine sur la scène internationale pour qu'il renonce à ses ambitions expansionnistes.

Mais le gouvernement de Stephen Harper pourrait se buter à une vive opposition s'il fait campagne pour exclure la Russie des pays membres du G20. La Chine, le Brésil et l'Inde pourraient s'opposer à un tel purgatoire, puisque ces trois pays forment avec la Russie le BRIC, un club restreint des pays émergents. Le prochain sommet du G20 doit avoir lieu en novembre à Brisbane, en Australie.

Des sources conservatrices ont indiqué que l'idée d'éjecter Moscou du G20 n'a pas encore été abordée par les dirigeants de ce club qui a crû en importance dans la foulée de la crise économique de 2008.

Mais du même souffle, on déclare que le Canada demeure persuadé que la meilleure façon de faire comprendre au régime de Vladimir Poutine que ses gestes envers l'Ukraine violent le droit international est de l'isoler encore plus sur la scène internationale.

«Nous continuons à examiner toutes les relations bilatérales et multilatérales que nous entretenons avec la Fédération de Russie. En ce qui a trait à la participation de la Russie au G20, c'est une question que les dirigeants du G20 doivent discuter, et ces discussions n'ont pas encore eu lieu», a-t-on indiqué.

Déjà exclus du B20

Selon des informations obtenues par La Presse, les dirigeants du B20, qui regroupe les représentants des gens d'affaires du G20 et qui a pour mandat de proposer des mesures pour soutenir la croissance de l'économie mondiale aux dirigeants du G20, ont d'ores et déjà décidé d'exclure leurs homologues russes de leur prochaine rencontre qui doit avoir lieu en juillet en Australie.

De passage en Allemagne la semaine dernière, après le sommet qui a formalisé l'expulsion de la Russie du G8, le premier ministre Stephen Harper n'a pas mâché ses mots pour dénoncer le comportement du président russe. Il a soutenu que Vladimir Poutine a démontré qu'il a la mentalité d'un leader inspiré de la guerre froide en donnant le feu vert à l'occupation militaire et l'annexion d'une partie du territoire d'un pays voisin, en l'occurrence la Crimée, territoire autonome de l'Ukraine.

Il a ajouté que le monde ne pouvait se permettre de laisser l'Europe redevenir un continent où des États s'emparent de territoires et revendiquent des portions d'autres pays, et où les plus grandes puissances militaires sont prêtes à envahir leurs voisins ou à leur arracher des régions.

Au cabinet du ministre des Affaires étrangères, John Baird, on a réitéré que la seule façon pour la Russie de rentrer dans les bonnes grâces de la communauté internationale est de se retirer complètement du territoire de l'Ukraine.

«Nous restons extrêmement préoccupés par la position agressive de la Russie sur la frontière est de l'Ukraine. [...] Tant et aussi longtemps que la Russie ne mettra pas fin à son intervention militaire et à son annexion illégale de la Crimée, elle continuera à faire face à l'isolement de la communauté internationale», a indiqué Adam Hodge, un porte-parole de M. Baird.