Certains députés conservateurs trouvent que les sommes consacrées aux anciens combattants sont trop élevées, a révélé l'un des ex-soldats les plus illustres du Canada, jeudi.

Le sénateur Roméo Dallaire, un ancien lieutenant-général des Forces armées canadiennes mieux connu pour son rôle de commandant de la mission de paix des Nations unies au Rwanda, a évoqué quelques discussions qu'il avait récemment eues avec des «politiciens qui remettent en question les coûts liés aux vétérans».

M. Dallaire, qui a fait ces commentaires lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne juste avant son témoignage devant le comité de la Chambre des communes sur les anciens combattants jeudi, n'a pas identifié les personnes concernées.

Il a toutefois soutenu avoir entendu des politiciens se plaindre en privé des quelque 3,8 milliards $ qu'Ottawa verse chaque année au ministère des Anciens combattants.

«Et je 'Ah, oui?', s'est exclamé le sénateur, racontant comment il expliquait dans le détail à ses interlocuteurs les frais associés au déploiement d'effectifs et d'équipement dans des missions comme celle qui vient de se terminer en Afghanistan. Ensuite, je dis: 'Maintenant qu'ils sont de retour à la maison, et ceux qui sont blessés, ils coûtent trop cher?' Cette attitude se répand de plus en plus au sein des troupes conservatrices et ça me met en colère.»

Ces lamentations font contraste avec le message politique de Stephen Harper, qui assure que les conservateurs font tout en leur pouvoir pour venir en aide aux vétérans, et qu'ils continueront à le faire.

Les remarques de Roméo Dallaire ont été immédiatement et vivement dénoncées par Nicholas Bergamini, un porte-parole du ministre des Anciens combattants, Julian Fantino.

«Ce n'est pas correct de propager des rumeurs sans nommer personne, a déclaré M. Bergamini. Le fait demeure qu'aucun gouvernement de l'histoire moderne n'a investi autant d'argent dans les services aux vétérans.»

Le gouvernement Harper n'a cependant pas réussi à réconcilier son discours politique avec la position prise par les avocats du ministère de la Justice dans le cadre d'un recours collectif intenté par des anciens combattants ayant participé à la guerre afghane.

Dans une déclaration présentée à la Cour supérieure de la Colombie-Britannique, le gouvernement conservateur a fait valoir qu'il n'y avait aucun «contrat social» entre le pays et ses soldats, en dépit de l'engagement de ses derniers à risquer leur vie sans poser de questions, et qu'il ne pouvait être tenu de respecter les promesses formulées par ses prédécesseurs.

Lors de son passage devant le comité des Communes jeudi, M. Dallaire a soutenu qu'il fallait légiférer pour mettre en place une entente sociale entre Ottawa et les soldats.

Il a reconnu que des dizaines de millions de dollars supplémentaires avaient été injectés dans les soins aux anciens combattants depuis 2006, mais que cela n'était pas nécessairement un signe d'efficacité.

Le sénateur a dit croire que les ministères de la Défense et des Anciens combattants devaient être réunis tout en conservant chacun leur budget afin d'offrir des services continus aux vétérans.