Le premier ministre Stephen Harper s'active discrètement devant la possibilité qu'un gouvernement péquiste majoritaire prenne le pouvoir à Québec. Il a discuté de la question au cours des derniers jours avec ses homologues provinciaux et avec les chefs de l'opposition à Ottawa.

Des sources confirment à La Presse que le premier ministre a parlé à plusieurs de ses homologues provinciaux et que l'élection québécoise a fait partie des discussions.

M. Harper a également rencontré le chef néo-démocrate Thomas Mulcair et le chef libéral Justin Trudeau. Bien que plusieurs enjeux aient été abordés - notamment la réponse canadienne à la crise en Ukraine -, le scrutin au Québec a aussi fait partie des échanges.

«Dans des enjeux aussi importants que l'unité nationale, on veut une relation très productive avec les autres partis fédéraux», a indiqué une source.

Faire face à un gouvernement majoritaire

À l'époque du référendum de 1995, Stephen Harper était député du Parti réformiste. Porte-parole en matière d'affaires intergouvernementales, il avait maintes fois pressé le gouvernement Chrétien de fixer des règles plus strictes sur la tenue d'une consultation sur l'indépendance. Et il l'avait sévèrement critiqué pour son manque de préparation après la mince victoire du Non.

Aujourd'hui premier ministre, il a donné plusieurs indices que son gouvernement entend être prêt à faire face à un éventuel gouvernement souverainiste majoritaire.

Prêt à répliquer

Officiellement, M. Harper se dit neutre dans la course. Mais ses ministres québécois ont déjà indiqué qu'ils comptent donner la réplique si le gouvernement conservateur est attaqué pendant la campagne, ce qu'ils n'ont pas fait lors de l'élection de 2012 quand les péquistes ont multiplié les pointes à l'égard d'Ottawa.

La Presse révélait le mois dernier que les stratèges conservateurs s'attendaient à une victoire du Parti québécois. Une telle situation présente un important défi pour M. Harper, qui ne compte que cinq députés dans la province et où son Parti conservateur ne recueille que 12 % des intentions de vote, selon le dernier sondage La Presse.

Au bureau du premier ministre, on n'a pas voulu commenter la vague d'appels, vendredi. Mais on n'a pas nié l'information.

«Le premier ministre s'entretient avec les premiers ministres provinciaux de manière régulière, a indiqué son porte-parole, Carl Vallée. Nous n'avons pas l'intention d'élaborer sur des discussions de nature privée.»

Même son de cloche aux bureaux de MM. Mulcair et Trudeau.

«C'était une conversation privée et le sujet était l'Ukraine», a indiqué le porte-parole de M. Mulcair, George Smith.