Expulsés du caucus libéral sans préavis par leur chef Justin Trudeau le mois dernier, les 32 sénateurs libéraux indépendants comptent profiter de leur nouvelle liberté pour rendre le Sénat plus transparent et efficace.

Ainsi, ces sénateurs ont décidé qu'ils tiendront dorénavant la plupart de leur réunion hebdomadaire devant les caméras. Ils veulent aussi poser au leader du gouvernement au Sénat les questions que les Canadiens leur soumettront. Leurs dépenses mensuelles seront affichées sur un site internet. Et ils pourront voter selon leur conscience sur tous les projets de loi à l'étude à la Chambre haute, y compris ceux qui sont parrainés par le gouvernement Harper. 

En outre, ils tiendront des audiences publiques sur des sujets d'envergure nationale. Le premier sujet qu'ils souhaitent examiner est le programme de péréquation, qui permet à une province moins riche d'obtenir un coup de pouce financier d'Ottawa afin d'offrir des services comparables à d'autres provinces plus riches tout en maintenant un taux d'imposition comparable.

Ces changements ont été annoncés en conférence de presse ce matin par le leader du caucus libéral indépendant au Sénat, James Cowan.

« Voilà maintenant un mois que M. Trudeau a annoncé que les 32 sénateurs libéraux deviendraient indépendants du caucus libéral élu. Nous avons une chance historique d'utiliser notre nouvelle indépendance pour essayer, dans les limites de nos pouvoirs en tant que minorité au Sénat, de faire fonctionner le Parlement pour les Canadiens et l'adapter à leurs besoins plutôt qu'à ceux des partis politiques et de leur chef », a affirmé M. Cowan.

Les sénateurs libéraux indépendants profiteront aussi de leur réunion hebdomadaire afin d'inviter des experts pour examiner des dossiers importants qui sont mis de côté par le gouvernement Harper. À titre d'exemple, la réunion du mercredi 26 mars sera consacrée au problème des femmes autochtones assassinées ou disparues. Le NPD réclame depuis plusieurs semaines la tenue d'une enquête publique sur cette épineuse question, mais le gouvernement Harper a écarté cette option.

Selon le sénateur Serge Joyal, ces changements permettent aux sénateurs d'affirmer leur totale indépendance à la Chambre haute, comme le voulaient d'ailleurs les Pères de la Confédération. Selon lui, ces changements pourraient alimenter la réflexion des juges de la Cour suprême du Canada, qui doit se prononcer d'ici quelques mois sur la constitutionnalité des modifications au Sénat que prône le gouvernement Harper. Ce dernier veut limiter à neuf ans les mandats des sénateurs et tenir des élections dans les provinces où il y a une vacance au Sénat. Plusieurs provinces s'opposent à ces changements parce que le gouvernement Harper ne les a pas consultées.